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Tribune libre : Nous avons évité la famine par le passé — nous devons le faire de nouveau

, WFP (PAM)

Publié dans The Times of London le 17 novembre 2020, traduit de l'anglais

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Gouvernorat de Sana'a, Yémen, 10 septembre 2020. Sultan, âgé d'un an, souffre de malnutrition modérée. Sa famille a fui Hodeidah au début du conflit. Photo : PAM/Mohammed Awadh

Le 17 novembre, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires des Nations Unies, Mark Lowcock, a annoncé une allocation de 100 millions de dollars d'aide alimentaire pour les populations les plus menacés par l'épidémie de faim grandissante causée par les conflits, le déclin économique, le changement climatique et la pandémie de Covid-19. À la suite de cette annonce, le journal The Times of London publiait en ligne l'article d'opinion suivant, rédigé par M. Lowcock et le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, David Beasley :

Le monde est préoccupé à juste titre par le Covid-19, mais cela ne doit pas nous distraire de la plus grande menace. Dans les pays fragiles et touchés par des conflits, ce n'est pas le virus lui-même qui fera le plus de ravages. Ce sont les vaccins non administrés, l'éducation manquée, le salaire journalier non versé qui empêchent une famille de manger.

Même une famine de courte durée a un impact dévastateur à long terme. Ce qu'elle fait à un enfant est indescriptible.

Si nous ne faisons rien ce sera le catalyseur d'un grand retour en arrière, de l'effritement évitable de décennies de progrès. L'histoire prouve que cela peut être évité. En 2017, nous l'avons fait dans le nord-est du Nigeria, en Somalie, au Sud Soudan et au Yémen. Nous pouvons le faire à nouveau.

Le Plan mondial d'intervention humanitaire Covid-19 des Nations Unies nécessite 10 milliards de dollars. C'est une goutte d'eau dans l'océan par rapport aux 12 000 milliards de dollars de plans de relance des pays riches ou aux 8 000 milliards de dollars qui constituent la richesse nette collective des 2 000 milliardaires du monde.

Nous venons d'allouer 100 millions de dollars du Fonds central d'intervention d'urgence des Nations Unies pour aider les populations à se nourrir dans les pays les plus à risque. Le PAM vient en aide à environ 100 millions de personnes chaque année. Nous avons besoin des contributions de tous ceux qui sont en mesure de donner. Faites partie de la solution, et non du problème.

Prenons l'exemple du Yémen. Environ 20 millions de personnes sont déjà en crise à cause de la guerre, de l'effondrement de l'économie, des prix exorbitants des denrées alimentaires et de la destruction des infrastructures publiques. Trois autres millions de personnes pourraient être confrontées à une grave famine à cause du virus. Les difficultés que nous rencontrons pour assurer l'accès humanitaire aux Yéménites font naître une réticence de la part des donateurs pour le financement des opérations. Cela entrave en retour notre capacité à aider la population.

Les pays de la région et au-delà doivent travailler ensemble pour financer les efforts de secours au Yémen, stabiliser l'économie en ruine, soutenir le développement à long terme et faire pression sur les parties belligérantes pour déposer les armes et établir la paix.

Lorsque le comité Nobel a décerné le prix de la paix au Programme alimentaire mondial, il l'a fait pour attirer l'attention du monde vers les millions de personnes qui souffrent ou risquent de souffrir de la faim.

Nous ne pourrions pas être plus d'accord. Lorsque plus d'un quart de milliard de personnes vacillent au bord du gouffre, ce n'est pas le moment de détourner le regard, et encore moins de s'éloigner.

Lorsqu'une famine est déclarée, il est déjà trop tard, car les gens ont déjà commencé à mourir. Les famines entachent l'humanité. Il est temps d'agir.