Soudan du Sud : comment le PAM travaille avec les agriculteurs pour lutter contre le changement climatique
Niché dans la partie nord-ouest du Soudan du Sud, le village d'Ayok-Hong, dans le nord de l'État de Bahr el Gazal, est chaud toute l'année. Les précipitations imprévisibles des dernières années ont mis en danger des biens précieux, les récoltes et le bétail.
Alors que la crise climatique balaie le monde, les pays en développement qui contribuent le moins au réchauffement climatique subissent de plein fouet son impact dévastateur.
Des inondations record pendant trois années consécutives ont déplacé des milliers de personnes, noyant des hectares de cultures, le bétail et des villages. De tels chocs climatiques aggravent la situation de la sécurité alimentaire déjà fragile, dans un pays où 7,2 millions de personnes, soit 60 pour cent de sa population, souffrent de la faim.
En réponse à la crise climatique, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), met en œuvre des programmes pour aider les pays et les communautés à anticiper les aléas climatiques, restaurer les écosystèmes dégradés et protéger les plus vulnérables contre les extrêmes climatiques.
"Le changement climatique est une réalité à laquelle nous devons faire face car l'avenir exige des agriculteurs soucieux du climat", déclare Matthew Hollingworth, directeur pays du PAM au Soudan du Sud. "Il est essentiel de sensibiliser les communautés aux dernières pratiques agronomiques, alors que nous élargissons nos activités de subsistance, pour permettre aux familles de produire leur propre nourriture et de vendre tout excédent au marché."
Le PAM, en partenariat avec l'agence humanitaire irlandaise Concern Worldwide, soutient 900 familles d'agriculteurs du village d'Ayok-Hong pour améliorer leur sécurité alimentaire et renforcer leur résilience face aux chocs climatiques tels que les inondations et la sécheresse.
Les agriculteurs sont formés aux pratiques agricoles telles que la plantation en temps opportun, l'espacement des cultures, le paillage, les cultures mixtes et les techniques d'irrigation telles que les puits peu profonds.
"Nous formons les agriculteurs aux techniques de gestion des cultures en fonction du type de sol et du climat de leur région", explique Manase Kollang, responsable de programme chez Concern Worldwide. "Par exemple, certains types de sol ne peuvent pas retenir l'humidité pendant de longues périodes."
"Nous encourageons également les méthodes biologiques pour lutter contre les parasites telles que l'utilisation de neem et de cendre de bois."
Des agriculteurs comme Abuk, 60 ans, bénéficient déjà de cette "formation climato-intelligente". Incapable d'accéder à l'eau pendant la saison sèche, Abuk ne pouvait récolter qu'environ cinq sacs de sorgho, ce qui n'était jamais suffisant pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses sept petits-enfants entre les récoltes.
"Avant, je ne cultivais que du sorgho", dit Abuk. "Mais les rendements étaient faibles en raison de mauvaises méthodes agricoles et de conditions météorologiques extrêmes."
Abuk et sa communauté ont été initiés à la production de légumes de saison sèche – permettant aux agriculteurs d'accéder à l'eau de puits peu profonds même pendant la saison sèche.
"Maintenant, je peux cultiver du sorgho et des arachides pour les vendre et même des légumes-feuilles, du gombo, des tomates et des oignons pour l'alimentation de ma famille", dit-elle.
Avec un accès à l'eau, aux semences et à une formation technique, Abuk récolte maintenant 15 sacs de sorgho et 17 sacs d'arachides, ce qui lui donne un revenu de 60 USD par mois.
Le PAM soutient 16 000 familles dans l'État de Bahr el-Gazal du Nord et le comté de Twic de l'État de Warrap, par le biais du projet PAM et FAO Brace II - généreusement soutenu par le financement du Foreign, Commonwealth and Development Office du Royaume-Uni