Résilience à Madagascar : l’avenir se construit aujourd’hui
« Les formations sur les nouvelles techniques agricoles et la distribution de riz et des légumes secs par le PAM nous facilitent la vie, en nous permettant d'apprendre et de nous nourrir pour avoir plus énergie et être plus productif sur le marché », nous raconte Nerasoa, travailleuse sur le champ d'arachide. « Nous répartissons les tâches entre les hommes et les femmes, c'est important. C'est comme ça que nous construisons un avenir communautaire, où tout le monde peut profiter des fruits de notre travail journalier ».
« Nous allons vendre la production d'arachides, que nous allons recueillir dans les mois à venir (avril, mai, juin), sur les marchés locaux. Nous attendons une production d'environ 8 tonnes. Les revenus que nous percevrons nous permettrons d'acheter de nouvelles semences à planter : lentilles, manioc, patates douces, maïs, niebe et riz », nous explique Ebebony, travailleur sur le champ d'arachide. « Avant tout, nous assurons une alimentation pour nous et nos enfants, puis nous essayons d'acheter des moutons, des bœufs, des vaches et des chèvres, indispensables pour nos coutumes et la vie de nos sociétés. Par exemple, les zébus sont surtout utilisés dans les pratiques de dotes de mariages, dans les funérailles et pour acheter les médicaments et payer les frais de l'hôpital en cas de maladie ».
Le travail du PAM s'inscrit dans une vision plus large et un objectif qui s'étend à tout le pays de Madagascar : « Ici nous connaissons la terre, et nous savons qu'en raison des sécheresses continues, il n'y a pas de pluie. Dans le village de Fotadrevo il n'y a pas de rivières, ni de fleuves. Il faut donc utiliser la terre en fonction des besoins de la population », commente Ange Ralison, Monitoring Assistant du PAM et Point Focal Résilience du bureau de terrain du PAM à Ampanihy. « Il faut mettre en place des activités au cours desquels la population peut conserver de l'eau, pour permettre une bonne irrigation des cultures vivrières et maraîchères, et ainsi garantir une bonne récolte pour la commercialisation des produits sur les marchés ». Ange Ralison ajoute que leur principal objectif est d'atteindre « une croissance économique, avec des meilleures conditions de vie pour tous. Soutenir la population face au changement climatique en améliorant ses moyens de subsistance, c'est ça la résilience ».
« Notre idée est aussi de favoriser le changement, élément clé de notre vision, dans les techniques agricoles, dans la façon de retenir l'eau, et de s'adapter au changement climatique, en introduisant des cultures de contre saison », nous dévoile Robine Faniriako, responsable du projet dans l'ONG Mahafaly Mandroso. « Nous ne pouvons pas attendre que les pluies arrivent, il faut se préparer avec des nouvelles cultures et techniques pour planter et récolter : c'est le principe de résilience. Pour aboutir à cet objectif, la FAO, partenaire de l'ONG Mahafaly Mandroso dans d'autres activités , nous fournira en semences d'haricots, de légumes et de patates douces que nous essaierons de planter. Par ailleurs, les bénéficiaires ont déjà construit des barrages pour la future création d'un canal d'irrigation visant à retenir l'eau ».
« L'exemple du village de Sakoanabo, dans la commune de Fotadrevo, nous montre que l'eau est essentielle à la vie des agriculteurs. Elle est la source fondamentale leur permettant de s'autonomiser en produisant une variété des fruits et des légumes. L'eau leur garantit liberté et indépendance », affirme Ange du PAM. « La culture de contre saison permettra aux habitants du village de pouvoir planter les nouvelles semences. Grâce à l'eau, ils pourront également recueillir et produire assez pour eux et pour leurs familles. Notre travail consiste à appuyer et guider les petits agriculteurs dans les meilleures techniques agricoles pour une meilleure production qualitative et quantitative. Cela signifie permettre à la population d'être moins vulnérable. Une fois cet objectif atteint, nous pourrons quitter la communauté de Fotadrevo, afin d'aider d'autres communautés dans des situations de vulnérabilité, et qui font face aux catastrophes naturelles » conclut Ange. « Quand les récoltes sont bonnes, nous sommes satisfaits. Nous pouvons alors dire que notre travail pour la résilience de la communauté a porté ses fruits ».
Ce modèle d'inspiration et de résilience est développé à Fotadrevo, dans le cadre des cultures d'arachide et de cactus.
La saison semble fructueuse pour un des terrains de 7 hectares : une énorme zone de Fotadrevo est recouverte de cactus avec et sans épines. Ces derniers fournissent les familles en fruits pendant la période de soudure allant d'octobre à décembre, mais la culture de cactus est également utile pour nourrir les zébus grâce aux feuilles de cactus. Actuellement, 324 bénéficiaires du PAM travaillent sur le terrain. « Pendant les visites de suivi du projet, nous investissons beaucoup sur les femmes comme agents de changement dans la façon de faire et dans la façon de penser » explique Robin. « Nous organisons des sessions de partage de connaissances et de sensibilisation, notamment autour de la gestion de l'eau et de la nutrition des enfants, un sujet essentielle pour elles. Nous souhaitons passer à une logique de manger pour vivre, et non pour survivre ».
Le programme Résilience du PAM a également fait ses preuves à Tameantsoa, dans la région de Betioky. Là bas, le financement du PAM et le soutien de l'ONG TEF, ont tous deux permis à 10 825 bénéficiaires, (soit 2 165 ménages repartis entre 13 sites géographiques) de travailler sur les sites de réhabilitation d'une route de 8,5 km et sur un canal d'irrigation de 6 km. La route permet de connecter les villages et d'ouvrir la commercialisation des produits entre villages. Le canal d'irrigation permet d'arroser et de bien entretenir les rizières, sources de revenu et denrées de base de la population malgache.
Programme Alimentaire Mondial Madagascar
Une des bénéficiaires du programme PAM, exprime son enthousiasme et sa joie de bénéficier de routes en meilleur état, réhabilités grâce à la main d'œuvre de tous les membres du village. Les routes de commercialisation sont maintenant plus ouvertes et laissent place à davantage d'opportunité pour les activités économiques. Tameantsoa, Betioky WFP/Gaia Paradiso
« Nous allons assurer la pérennisation du projet avec la formation d'un comité de gestion local qui garantira le bon entretien de la piste et des canaux d'irrigation. Nous allons par ailleurs organiser des formations techniques, pour que tous les bénéficiaires puissent être aptes à suivre les travaux en cours », ajoute Neila Raviroson, coordinatrice de l'ONG TEF.
Ci-dessous, des photos du déroulement du projet de Résilience en cours à Madagascar. Vous pourrez ainsi constater l'engagement des travailleurs sur le champ : 5 heures de travail par jour, rythmées par la distribution alimentaire du PAM. Au PAM Madagascar, nous disons : Alefa Zalahy, Allons-y ! Ensemble, nous pouvons réussir !