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“Porteurs d’eau” : bâtir la résilience en combattant le Covid-19 à Madagascar

Alors que le Covid-19 a contaminé 300 personnes à Madagascar, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) et son partenaire Trans-Mad' Développement contribuent à améliorer l'accès à l'eau dans deux villages, Androka Vao et Beara, au sud de Madagascar à travers le projet « Apporteurs d'eau ».
, WFP (PAM)

Par PAM Madagascar

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Falisoa, au centre, est institutrice. Elle est en même temps responsable de la gestion d'une des bornes fontaines à Androka Vao où d'autres femmes du village viennent chercher de l'eau sous sa surveillance (Photo: PAM/Volana Rarivoson)

Le village d'Androka Vao et celui de Beara sont situés sur la zone littorale du district d'Ampanihy, aux bordures des fleuves Linta et Menarandra, dans le Grand sud de Madagascar.

L'agriculture, principalement de maïs, manioc et patates douces, est l'activité économique principale de la population. Les cultures sont fréquemment exposées aux crues dévastatrices en période de pluie et à l'insuffisance d'eau pendant la saison sèche.

Comme dans de nombreuses régions du Grand sud de l'ile, l'accès à l'eau y est précaire. Les structures existantes sont rudimentaires et fournissent de l'eau saumâtre et de qualité médiocre.

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Le village d'Androka Vao, au sud de Madagascar, est situé aux bordures des fleuves Linta et Menarandra, dans un paysage complètement désertique pendant la saison sèche (Photo: PAM/Volana Rarivoson)

Le PAM et son partenaire, l'organisation non gouvernementale Trans-Mad' Développement contribuent à améliorer l'accès à l'eau potable dans ces deux villages. Il s'agit du projet « Apporteurs d'eau » dont bénéficient leurs 4 100 habitants.

Le projet a permis de mettre en place deux forages, des pompes alimentées par de l'énergie solaire, deux réservoirs d'eau, seize bornes fontaines, deux kiosques et trente branchements privés.

« Nous avons maintenant accès à l'eau dans le village. Auparavant, il fallait marcher jusqu'aux puits. Certains sont profonds de 50 mètres et il faut de la force pour soulever le seau d'eau rempli » explique Falisoa Noromena, 28 ans, institutrice et habitante d'Androka Vao. Et comme les puits ne sont pas protégés, l'eau est sale.

La tâche de chercher de l'eau est souvent confiée aux jeunes filles. C'est difficile surtout pour celles vivant à Beara qui doivent marcher une heure sur des pistes sablonneuses jusqu'au puit. Certaines sont trop fatiguées pour aller à l'école, qui se trouve aussi à une distance éloignée de chez elles.

Depuis décembre 2019, les villageois ont accès à une meilleure source d'eau.

Le projet contribue même à faire reculer la progression du COVID-19 en mettant de l'eau à disposition de la population, promouvant l'hygiène et en particulier le lavage des mains.

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La tâche d'aller chercher de l'eau est souvent confiée aux filles ou aux femmes qui doivent marcher vers les puits. Le projet « Apporteurs d'eau » leur permet un accès à l'eau potable au sein du village même (Photo: PAM/Volana Rarivoson)

Encore plus important, l'accès à l'eau potable aidera à réduire les cas de maladies diarrhéiques dans ces régions.

« A Madagascar, lorsque les enfants sont atteints de la diarrhée, les mères arrêtent de leur donner certains aliments. Ces restrictions alimentaires n'aident pas l'enfant, déjà déshydraté, à récupérer » explique Njaka Ramalanjaona, nutritionniste au PAM.

« Les malades de la diarrhée sont soignés par rasazy (nom utilisé dans les villages malgaches pour designer sage-femme) ou chez les sœurs » explique Nordine, 54 ans.

Mais dans ces hameaux vulnérables, toutes les mères n'ont pas le réflexe d'emmener leurs enfants consulter un médecin. La diarrhée, pas ou mal soignée, devient alors chronique et entraîne la malnutrition aigüe.

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Suivi nutritionnel d'un enfant dans le sud de Madagascar en mesurant son périmètre brachial. Le PAM fournit un appui nutritionnel pour la prévention de la malnutrition aigüe et le traitement de sa forme modérée (PAM/Jules Bosco Bezaka)

Madagascar fait partie des sept pays d'Afrique subsaharienne où au moins une personne sur cinq puise l'eau des rivières, lacs ou canaux d'irrigation pour s'alimenter.

Le Ministère de la Santé publique indique que la moitié des enfants malgaches de moins de 5 ans sont atteints de diarrhées aiguës et environ 7 000 meurent chaque année de diarrhée due à un manque d'eau potable, d'assainissement et d'hygiène de base.

« Les ménages peinent déjà à trouver de la nourriture et de l'énergie et ne penseront pas à faire bouillir de l'eau » explique Falisoa.

Avant, il fallait parfois les villageois devaient payer moins d'un dollar pour un bidon de 20 litres auprès de propriétaires de charrettes qui ont les moyens de transporter des bidons d'eau. Depuis le début du projet, ils ne paient presque rien. « L'argent mis de côté servira à d'autres besoins essentiels tels qu'acheter de la nourriture » poursuit Falisoa qui est en même temps gérante d'une des bornes fontaines.

Eau potable et eau d'irrigation

Au sud de Madagascar, le manque d'accès à l'eau potable aggrave la malnutrition et l'insécurité alimentaire qui touche actuellement 554 000 personnes.

Le PAM leur fournit une assistance d'urgence accompagnée d'activités de résilience comme le projet « Apporteurs d'eau ».

Pour un coût de 58 000 dollars, le projet a un volet agricole pour la pratique de cultures maraichères sur 20 hectares au profit de 350 ménages. La parcelle sera irriguée grâce à cette nouvelle ressource en eau.

L'action menée par le PAM pour renforcer la résilience dans le sud de Madagascar est rendue possible grâce à l'appui de l'Allemagne, la France et le Fonds Conjoint des Nations Unies pour l'atteinte des Objectifs de Développement Durable.