Madagascar : la sécheresse et le COVID-19 poussent 1,5 million de personnes au bord du gouffre
Traduit de l'anglais
Le sud de Madagascar est au bord d'une catastrophe humanitaire. On estime que 1,5 million de personnes — soit un peu plus de la moitié de la population de la région — a besoin d'une assistance alimentaire et nutritionnelle d'urgence, dont 75 000 femmes enceintes et/ou qui allaitent. En cause, un début prématuré de saison sèche dont la pandémie de COVID-19 aggrave fortement les conséquences.
« Les gens creusent dans le sable pour trouver de l'eau, mais ils en trouvent rarement », écrit dans un courriel Aina Andrianalizaha, une employée du PAM qui se rend dans les zones touchées. « Ils doivent marcher plusieurs kilomètres depuis leurs villages ou hameaux pour aller chercher de l'eau. »
Elle a ajouté : « Ils ne peuvent plus cultiver et sont donc venus proposer d'échanger leurs rares ustensiles de cuisine contre un morceau de manioc. »
Selon les derniers chiffres du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, 100 000 enfants de moins de 5 ans sont menacés de malnutrition aiguë dans la région, dont 19 000 seraient dans une situation « grave ».
Le PAM a besoin de près de 35 millions de dollars pour être en mesure d'éviter une catastrophe dans ce pays qui compte 25,5 millions d'habitants dans le mois à venir.
En septembre, le PAM a commencé à fournir une assistance alimentaire d'urgence qui a permis de sauver des vies. En quelques jours seulement, plus de 100 000 personnes ont reçu de la nourriture dans le district d'Amboasary, où la situation est la plus critique. L'organisation a également fourni des repas chauds à 2 000 enfants en âge d'aller à l'école et personnes âgées souffrant de malnutrition.
Monja est un jeune garçon malagasy de 9 ans qui vit dans le village d'Ankilimavatse à Amboasary, où la terre fertile s'est asséchée il y a deux ans. « [Mes parents] m'ont dit que je ne pourrais pas aller à l'école pendant un certain temps parce qu'ils n'en avaient plus les moyens. J'étais un peu triste, mais il n'y avait pas d'alternative », a-t-il raconté à l'équipe du PAM qui a visitait son village.
Monja a ajouté : « Au début, nous ne mangions qu'un peu de riz une fois par jour. Parfois, mes parents ne mangeaient rien pour que ma sœur et moi puissions en avoir plus. »
Après une période sans source de revenus, les parents de Monja, comme tous les autres dans le hameau, ont fini par manger des mangues crues, l'attente pour qu'elles mûrissent étant trop longue. Puis son père est mort.
« Mon père sortait tous les matins pour aller chercher des mangues », dit Monja. Ce travail revient maintenant à lui et à son cousin. « S'il ne trouvait pas de mangues, il rentrait avec des tamarins que ma mère mélangeait avec du kaolin — ma mère est toujours en deuil. »
Il arrivait à Monja de se sentir « si fatigué que je ne pouvais pas aller chercher les mangues et les tamarins pendant plusieurs jours. »
Aujourd'hui, Monja et sa famille mangent encore parfois des mangues au déjeuner pour économiser des vivres, mais il dit ne plus se sentir aussi fatigué qu'avant. « Je suis sûr que nous allons nous en sortir. »
Une évaluation menée dans le district d'Amboasary à la mi-octobre a révélé que plus de 75 % des enfants quittent l'école à cause de problèmes liés à la faim. Le travail des enfants est en hausse car ceux-ci se retrouvent à travailler pour aider leurs parents dans la recherche de nourriture.
D'ici juin 2021, le PAM vise à élargir ses programmes d'assistance alimentaire en nature et en espèces de 560 000 à 891 000 personnes dans neuf districts : Toliara II, Betioky Sud, Ampanihy, Bekily, Beloha, Tsihombe, Ambovombe et Taolagnaro.