« Le VIH n’est plus une condamnation à mort pour nous. »
Comment l'appui nutritionnel du PAM et les programmes d'épargne et de prêts dans les villages changent la vie des personnes vivant avec le VIH au Cameroun.
"Nos récoltes de produits locaux — comme le manioc, l'arachide et le maïs — nous permettent de bien nous nourrir, d'envoyer nos enfants à l'école et de vivre sainement ", dit Mahamadou. Cet homme de 41 ans appartient à un groupe de personnes vivant avec le VIH dans la région de l'Adamaoua au Cameroun. Il y a huit groupes de la sorte dans la ville de Meiganga, qui comptent chacun 25 membres, dont 80 pour cent sont des femmes.
"Le VIH n'est plus une condamnation à mort pour nous", dit Mahamadou. "Nous avons de la nourriture et des investissements pour y faire face", ajoute-t-il, faisant référence au soutien nutritionnel et aux Associations Villageoises d'épargne et de crédit (AVEC) dont ils bénéficient grâce à l'aide du Programme alimentaire mondial.
"Nous avons développé différentes activités génératrices de revenus grâce au soutien que nous avons reçu", dit Mahamadou.
Ce qui unit les membres du groupe en plus de leur statut VIH, ajoute-t-il, c'est l'autonomisation sociale et économique qu'ils reçoivent — le PAM soutient les personnes vivant avec le VIH à travers différentes étapes. La première est le rétablissement, par le biais du programme de soutien nutritionnel, qui permet aux participants d'avoir accès à des suppléments comme le mélange maïs-soja pour lutter contre la malnutrition.
Au bout de six mois, les personnes considérées comme les plus vulnérables et à risque de retomber dans la malnutrition sont ensuite inscrites au programme AVEC coordonné par l'ASAD (Association d'Assistance au Développement), partenaire du PAM, par lequel elles peuvent bénéficier de fonds renouvelables pour créer et mener leurs propres activités.
Avec un capital de départ de 34 $ (20 000 francs CFA) pour chaque personne, les participants affirment que le programme fait une différence dans leur vie. L'ASAD travaille également en étroite collaboration avec les services techniques gouvernementaux qui dispensent une formation sur l'agriculture, l'élevage et le commerce pour améliorer les capacités des groupes et de leurs membres et les rendre plus résilients.
Mariamou nous explique qu'avant son admission au programme, elle avait du mal à nourrir sa famille, composée de huit personnes. Mais grâce à une formation de base en gestion, elle a pu développer son entreprise de manioc, ce qui lui permet maintenant, ainsi qu'à l'ensemble de son ménage, de gagner suffisamment pour subvenir à leurs besoins alimentaires.
Lorsque Gayiya et son mari, tous deux séropositifs, ont commencé à recevoir des aliments nutritifs du PAM, ils ont pu mieux suivre leur traitement. Gayiya investit une partie du capital du programme dans des activités agricoles et a réussi à stabiliser ses revenus jusqu'alors irréguliers. Aujourd'hui, plus d'un an après, Gayiya et son mari sont assez stables pour produire leur propre nourriture et ne dépendent plus de l'aide alimentaire pour survivre.
Koulou, qui reçoit également l'aide du PAM, affirme que cette formation lui a permis d'obtenir de l'argent pour accéder à des soins qu'elle ne pouvait pas se permettre auparavant. Le programme a transformé la façon dont les personnes vivant avec le VIH ont accès aux médicaments.
"Maintenant, le président de notre groupe recueille tous les livres de l'hôpital pour ceux qui sont en traitement de première intention et les apporte au responsable de l'hôpital qui fournit tous nos médicaments", dit Koulou.
C'est un grand pas en avant pour toutes les personnes vivant avec le VIH dans la région de l'Adamaoua au Cameroun.
"Maintenant, nous n'avons plus à faire la queue pendant de longues heures juste pour obtenir nos médicaments. De plus, la stigmatisation qui en découle a beaucoup diminué", dit Koulou.
Les femmes qui appartiennent à ces groupes témoignent : avant le début du programme, elles étaient victimes de discrimination de la part de leur communauté et avaient des difficultés à subvenir aux besoins de leur famille. Mais la situation a changé depuis qu'elles sont devenues autonomes et suivent leur traitement. La plupart de ces femmes tiennent maintenant un rôle décisionnel actif au sein de leurs foyers.
L'aide alimentaire du PAM aux personnes vivant avec le VIH au Cameroun est financée par des partenaires donateurs, dont le Grand-Duché de Luxembourg.