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Le PAM : soutenir ceux qui ont besoin de nous, quels qu'ils soient et où qu'ils soient

Comment les principes humanitaires guident notre travail dans plus de 80 pays
, Simona Beltrami

Humanité, neutralité, impartialité, indépendance : tels sont les principes fondamentaux qui guident l'action humanitaire, en veillant à ce que l'aide vitale parvienne à ceux qui en ont besoin, indépendamment de leur nationalité, race, sexe, croyance religieuse, classe, opinions politiques, statut ou emplacement.

WFP staff member sits on the ground with family outside shelter
Madagascar : le PAM fournit une aide alimentaire à 700 000 personnes dans le sud du pays, frappé par la sécheresse. Photo : PAM/Tsiory Andriantsoarana

Nous avons demandé à quatre doyens du Programme alimentaire mondial (PAM) d'expliquer ce que signifie suivre ces principes pour répondre à des situations d'urgence complexes.

 

Humanité

La souffrance humaine doit être traitée partout où elle se trouve. L'action humanitaire a pour but de protéger la vie et la santé et d'assurer le respect de l'être humain.

Tomson Phiri – Porte-parole mondial du PAM basé à Genève

Nous sommes en 2019 et Noël approche à grands pas. Je suis au Soudan du Sud. La saison des pluies est plus humide et plus longue que d'habitude. Les pluies détruisent les maisons des gens. Des villes et des villages entiers sont submergés par la montée des eaux, alors que l'on craint de plus en plus d'éventuelles épidémies et une aggravation de la faim.

Cinq millions de personnes ont faim. Le nombre devrait augmenter d'un autre million.

Le gouvernement déclare l'état d'urgence, le niveau d'alerte le plus élevé du pays. Les organismes de bienfaisance et les organismes d'aide se préparent à aider. Notre personnel met de côté les plans qu'ils avaient pour Noël. Ils attrapent leurs bottes en caoutchouc, leurs imperméables et leur équipement. Nous déployons des véhicules tout-terrain amphibiens, des bateaux, des hélicoptères et des pirogues. En deux jours, nous commençons à distribuer des vivres d'urgence.

Achol Mabior, mère célibataire de cinq enfants, fait partie des nombreux déplacés. Désormais démunie après avoir perdu ses biens, elle cherche refuge dans des maisons impromptues. « Ma maison a disparu, l'école du village s'est effondrée, mes silos ont été emportés. Avec les récoltes et le bétail détruits, mon avenir était incertain. Mais je suis heureuse que vous m'ayez donné à manger et que vous m'aidiez à me remettre », dit-elle.

C'est là que réside l'humanité - dans la façon dont nous traitons les gens dans leurs heures les plus sombres.

De nombreuses personnes que sert le PAM fuient les conflits, souvent contraintes d'abandonner leurs terres, leurs maisons et leurs emplois. Dans la plupart des cas, les personnes touchées par les conflits, la sécheresse, les inondations, les tremblements de terre, les ouragans, les mauvaises récoltes, les épidémies comme Ebola ou les pandémies comme COVID-19, n'ont personne d'autre que les agences humanitaires vers qui se tourner. La capacité du PAM à répondre au moment où ils en ont besoin fait souvent la différence entre la vie et la mort. Et c'est l'humanité !

 

Neutralité

Les acteurs humanitaires ne doivent pas prendre parti dans des hostilités ou s'engager dans des controverses de nature politique, raciale, religieuse ou idéologique.

Annalisa Conte – Directrice du Bureau mondial du PAM à Genève

WFP staff member meets community in Kenya
Annalisa Conte rencontre des membres de la communauté à Turkana, au Kenya. Photo : PAM/Martin Karimi

Lorsque je travaillais au Kenya, nous apportions une aide alimentaire à tous les réfugiés, quels que soient leur nationalité, leur religion, leur sexe ou leur âge. Nous nous sommes assurés que leurs dû étaient correctement versés et que la sécurité des personnes n'était pas mise en danger pendant et après la distribution de l'aide alimentaire. Maintenir la neutralité est un impératif humanitaire pour le PAM afin d'aider tous ceux qui en ont besoin. 

La neutralité est un principe essentiel dans notre travail, et elle est particulièrement importante dans les situations de troubles civils ou de conflit armé. Dans de telles situations, la confiance est nécessaire pour garantir que toutes les populations affectées reçoivent une assistance humanitaire adéquate de manière sûre et digne. Ne pas prendre parti de quelque manière que ce soit est essentiel pour gagner cette confiance.

Qu'est-ce que cela signifie pour le PAM ? Conformément à la Charte des Nations Unies, le PAM traite toutes les personnes, en particulier celles qu'il sert, comme méritant une assistance humanitaire de la même manière, quels que soient leur âge, leur sexe et leur origine, qu'il s'agisse de réfugiés, de personnes déplacées ou de communautés locales. La seule exception concerne les combattants actifs, auxquels le PAM ne fournit pas d'assistance.

Dans les contextes à haut risque sécuritaire, conformément au système de gestion de la sécurité des Nations Unies, le PAM a recours à des escortes armées. Il s'agit d'un compromis nécessaire pour fournir une aide alimentaire vitale aux personnes vivant dans des zones à haut risque. Dans des endroits comme la Syrie, le Yémen ou la République Démocratique du Congo, le PAM fournit de la nourriture à tous ceux qui en ont besoin en raison du conflit, qu'ils soient déplacés ou non et quelles que soient les forces qui contrôlent la région où ils vivent. Sans le soutien du PAM, ces personnes auraient du mal à se nourrir et à nourrir leur famille.

 

Impartialié

L'action humanitaire doit être menée sur la seule base des besoins, en donnant la priorité aux cas de détresse les plus urgents et en ne faisant aucune distinction sur la base de la nationalité, de la race, du sexe, des convictions religieuses, de la classe sociale ou des opinions politiques.

Claude Jibidar – Directeur pays du PAM au Tchad

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Claude Jibidar rencontre des enfants au camp de déplacés de Mugunga au Nord-Kivu, en RDC. Photo : PAM/Jacques David

Dès mes premiers jours avec le PAM en tant que contrôleur alimentaire au Soudan du Sud, j'ai retenu une leçon : la distribution de nourriture est probablement l'un des métiers les plus difficiles. Lorsqu'il s'agit de nourriture, en particulier dans les zones où une grande partie de la population a faim, tout le monde se sent dans le besoin, quelles que soient les recommandations de nos évaluations.

Cependant, au PAM, nous cherchons toujours à atteindre les plus  en premier. Nous considérons chaque personne comme égale et fournissons une assistance vitale basée uniquement sur les besoins. C'est ainsi que je définirais le principe humanitaire d'« impartialité ».

Sur le terrain, il n'est pas toujours facile d'être impartial. Par exemple, dans les zones déchirées par la guerre, nous nous efforçons d'atteindre toutes les personnes dans le besoin, quel que soit le camp dans lequel elles se trouvent. Et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour livrer de la nourriture aux personnes les plus en détresse, sans distinction d'origine ethnique, de nationalité, d'opinion politique, de sexe, de race ou de religion.

Parfois, il peut y avoir des pressions pour que le PAM choisisse - « pour ou contre » - l'une des parties à un conflit. C'est à ce moment-là que nous devons prendre la position la plus ferme pour réaffirmer notre impartialité. Il y a eu des moments où cela a été très problématique et c'est encore le cas dans quelques endroits, mais la notion d'aide humanitaire « impartiale » a gagné en espace et en compréhension. Les personnes qui ont reproché au PAM d'aider la partie adverse ont également réalisé que nous sommes là pour elles lorsqu'elles en ont besoin.

Sans cette solide notion d'« impartialité », notre travail sur le terrain serait beaucoup plus difficile. Le PAM demande également aux pays donateurs de soutenir l'aide humanitaire uniquement en fonction des besoins. C'est ainsi que nous opérons là où notre assistance est requise – que ce soit dans une crise oubliée, après une catastrophe naturelle ou dans des situations de guerre prolongées. Nos donateurs savent que nous ne faisons aucune distinction lorsque nous apportons de l'aide, car ce sont exclusivement les souffrances humaines que nous essayons de résoudre.

 

Indépendance

L'action humanitaire doit être autonome par rapport aux objectifs politiques, économiques, militaires ou autres que tout acteur peut avoir au regard des zones où l'action humanitaire est mise en œuvre. 

Samer Abdel Jaber, Directeur pays du PAM en Palestine

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Samer Abdel Jaber et Corinne Fleischer, directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, à Gaza au lendemain de l'escalade de la violence en mai 2021. Photo : WFP/Ali Jadallah

L'aide humanitaire est distincte des objectifs politiques, économiques, militaires ou autres. C'est pourquoi l'indépendance est l'un des quatre principes fondamentaux de l'action humanitaire.

Qu'est-ce que cela signifie réellement sur le terrain ? Pour le PAM et les personnes que nous servons, cela signifie que quoi qu'il se passe dans un pays - politique, militaire ou autre - les opérations humanitaires vitales sont menées indépendamment de toute autre considération. La nourriture est un droit fondamental. Notre indépendance nous aide à avoir un accès sans entrave, même dans des contextes complexes et polarisés ou des situations de conflit, afin que nous puissions apporter une aide alimentaire là où cela est nécessaire et garantir que l'aide est distribuée de manière impartiale, basée exclusivement sur les besoins.

En près de 20 ans au PAM, j'ai eu l'honneur de servir de nombreuses opérations de terrain du PAM, notamment en Irak, au Soudan, en Syrie, en Libye et en Palestine. Dans tous ces pays, et partout ailleurs où le PAM est présent, le principe d'indépendance est essentiel pour garantir que nous puissions avoir un accès sûr et régulier pour atteindre ceux que nous devons atteindre. 

 

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