Le Niger démontre comment le PAM et ses partenaires peuvent transformer des vies dans le rude Sahel africain
Il n’est même pas midi à Satara, un village isolé de la région de Tillabéri, au sud-ouest du Niger, et le thermomètre oscille déjà autour de 40 degrés Celsius. La route non pavée menant au village est cahoteuse et sablonneuse. Mais pour les habitants, le chemin et la chaleur intense font partie du quotidien.
Les températures élevées n’ont pas empêché Foureyratou Saidou, mère célibataire de quatre enfants et veuve depuis peu, de s’occuper du jardin communautaire à côté du village. Les gains en valent la peine.
"Dans ce jardin, nous cultivons et récoltons désormais des oignons, des tomates, de la laitue et d'autres légumes que nous mangeons et que nous pouvons vendre sur le marché", dit-elle. "Avant, nous n'avions pas grand-chose pour vivre. Maintenant oui, et nous ne voulons pas partir."
Foureyratou fait partie des milliers d’agriculteurs bénéficiant du Programme intégré de résilience du Programme alimentaire mondial (PAM), lancé il y a près de dix ans au Niger et dans quatre autres pays du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali et Mauritanie).
Soutenant les priorités nationales du gouvernement nigérien et en partenariat avec plusieurs partenaires des Nations Unies et non gouvernementaux, l'initiative couvre des activités telles que la réhabilitation des terres, la diversification des moyens de subsistance, les repas scolaires, les interventions nutritionnelles et l'amélioration de la production agricole et de l'accès au marché.
Jusqu’à présent, le programme a soutenu 3 millions de personnes dans la région du Sahel – dont 1,8 million dans 2 000 villages au Niger seulement l’année dernière – à mieux se préparer et à se remettre d’une myriade de chocs interconnectés, notamment le changement climatique, la dégradation des terres, la flambée des prix et les conflits.
Ces résultats sont d’autant plus importants aujourd’hui que les conclusions d’experts récemment publiées montrent que l’insécurité alimentaire aiguë au Sahel devrait atteindre son plus haut niveau depuis dix ans d’ici juin. Au Niger, les résultats prévoient que quelque 3,3 millions de personnes souffriront de faim aiguë pendant la période de soudure de juin à août, contre 2,5 millions actuellement.
"Pour redresser ces chiffres, il faut non seulement des actions à court terme mais, avant tout, la mobilisation des acteurs pour mettre en œuvre des solutions plus durables et transformatrices à plus grande échelle", déclare Jean-Noel Gentile, directeur pays du PAM au Niger. "Grâce à nos projets de résilience intégrés, le PAM, le gouvernement et ses partenaires donnent ensemble les moyens aux populations vulnérables de disposer des outils dont elles ont besoin pour prospérer."
Mise à l'échelle
En effet, le PAM a intensifié ses activités de résilience au Niger, après que les résultats aient montré qu'elles avaient permis de restaurer les ressources naturelles, d'augmenter les revenus agricoles, de réduire la migration et les conflits liés à la rareté des ressources, et d'améliorer l'éducation et la nutrition.
C’est le cas à Satara, où une initiative de jardinage communautaire soutenue par le PAM a transformé une terre autrefois stérile.
Foureyratou est désormais une fière membre d'une coopérative de marché villageois qui vend les surplus du jardin sur le marché - au-delà de ce que les membres gardent pour nourrir leurs familles. Les bénéfices sont réinvestis dans des projets communautaires pour améliorer la productivité des terres. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres où le PAM relie mieux les agriculteurs aux marchés, augmentant ainsi leurs bénéfices et leur accès global à la nourriture.
Alors que de nombreux hommes, en particulier, ont quitté des villages comme Satara à la recherche de travail, Foureyratou voit désormais des raisons de rester.
"Je travaille pour que mes enfants soient en bonne santé et pour leur donner la chance d'étudier et de rester dans notre village", dit-elle. "Je veux que le jardin s’agrandisse, afin que nous ayons plus à vendre et plus de revenus pour la famille et la communauté."
Le changement est également en cours ailleurs. Dans les régions gravement touchées par la crise alimentaire, 80 pour cent des villages bénéficiant des activités de résilience du PAM n'ont pas eu besoin d'aide humanitaire l'année dernière, selon une étude, contrairement à d'autres villages dans les mêmes régions qui en ont eu besoin. Cela signifie qu'environ un demi-million de personnes n'ont pas eu besoin d'aide d'urgence, ou environ 30 millions de dollars d'économies, grâce aux investissements pluriannuels du PAM et de nos partenaires dans le renforcement de la résilience.
Les programmes, qui favorisent également la participation et l’autonomisation des femmes, sont mis en œuvre dans tout le pays. Mais l’accent est mis en grande partie sur les zones où l’insécurité alimentaire est la plus élevée ; ceux qui sont souvent confrontés à des conflits ou accueillent de grandes concentrations de personnes déplacées, intensifiant la demande sur des ressources rares.
Les initiatives comprennent la réhabilitation des terres, en utilisant des techniques telles que le creusement de "demi-lunes" qui ralentissent et captent l’écoulement de l’eau de pluie, contribuant ainsi à nourrir la terre et à améliorer la croissance des plantes. À ce jour, plus de 233 000 hectares ont été réhabilités depuis le lancement de l’initiative en 2014. Le PAM prévoit désormais de s’étendre à de nouvelles zones et de doter davantage de personnes avec les outils dont elles ont besoin.
Modèle communautaire
Par exemple, autour du village de Gaffati, dans le sud-est du Niger, quelque 300 personnes participent à un projet de reboisement soutenu par le PAM qui voit des acacias, des arbustes indigènes et des herbes fourragères germer dans une région rendue aride par la sécheresse saisonnière, les inondations, le surpâturage et d'autres pratiques néfastes.
Les participants ont diversifié leurs revenus en vendant le fourrage. Avec plus d’argent, moins de personnes migrent à la recherche de travail et de nouveaux magasins d’alimentation ont ouvert dans le village.
En plus d'offrir des formations sur les techniques agricoles et de plantation d'arbres, le PAM et d'autres partenaires soutiennent également l'alimentation scolaire et le traitement de la malnutrition, et sensibilisent les villageois sur des questions clés telles que l'hygiène domestique et l'allaitement maternel.
"Je suis déterminée à enseigner aux autres femmes tout ce que j'ai appris ces dernières années sur la façon de cuisiner des repas sains et nutritifs pour nourrir nos enfants et sur la façon de prendre soin de nous en tant que mères", déclare Alia Issaka, 40 ans, maman célibataire de huit enfants, inscrite à un programme de nutrition communautaire.
"Ce n’est pas une tâche facile d’être un modèle pour la communauté", ajoute Alia, qui dirige une association de femmes locale. "J'ai la responsabilité d'encourager davantage de femmes à participer à la prise de décision et à l'amélioration de la santé de leur famille."
Le PAM et ses partenaires ont besoin de ressources supplémentaires pour continuer à intensifier leurs efforts et à aider le gouvernement du Niger à accroître la portée et l’impact des programmes de renforcement de la résilience à l’échelle nationale.