L’Ambassadeur de Suisse, son Excellence Monsieur Philippe Brandt, rencontre les populations affectées par la sécheresse dans le sud de Madagascar
Propos recueillis par Volana Rarivoson
L'Ambassadeur de la Suisse, Son Excellence Monsieur Philippe Brandt, accompagné du Représentant du Programme Alimentaire Mondial (PAM) Monsieur Moumini Ouedraogo, s'est rendu récemment dans les districts de Bekily et d'Amboasary, dans le sud de Madagascar. Cette région du pays fait face à une sécheresse récurrente dont les conséquences sont, entre autres, l'insécurité alimentaire qui affecte de façon draconienne les familles les plus vulnérables. Selon les dernières projections du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC — Octobre 2017), environ 1,6 million de personnes dans le sud et le sud-est du pays auront besoin d'une assistance alimentaire d'urgence. Le PAM bénéficie du soutien de la Suisse dans son assistance d'urgence aux populations affectées par l'insécurité alimentaire ainsi que pour le renforcement de leur résilience à travers des projets d'intérêt communautaire. Après une visite sur le terrain par son Excellence Monsieur Philippe Brandt, le PAM l'a rencontré pour recueillir ses impressions.
Vous avez effectué une visite dans le Sud de Madagascar récemment. Que retenez-vous de cette visite ?
C'est la première fois, grâce au PAM, que j'ai pu effectuer une visite dans le sud de la Grande Ile. J'ai effectivement pu constater les conditions de vie extrêmement difficiles pour les populations qui sont confrontées à une grande sécheresse due notamment au changement climatique, des populations qui se trouvent dans une situation de détresse alimentaire aigüe, qui doivent vivre dans un climat très chaud, avec des infrastructures qui sont souvent délabrées. J'ai également pu voir le travail extraordinaire fait par le PAM avec ses partenaires pour soulager la détresse de ces populations.
Vous avez visité différents projets du PAM financés par la coopération suisse dans le sud de Madagascar, et dont l'objectif est de renforcer la résilience des communautés. Quelles sont vos premières impressions ? Auriez-vous des recommandations à formuler, en particulier en matière d'assistance aux populations affectées par la sécheresse et l'insécurité alimentaire ?
Comme je l'ai déjà mentionné, cette visite m'a permis de constater sur place l'excellente collaboration entre le PAM et la société civile qui est active dans cette région pour soulager la souffrance des plus démunis. J'ai également pu constater, grâce à une visite dans un centre de distribution d'espèces, que l'aide va directement aux familles les plus défavorisées. Au cours d'un dialogue avec quelques bénéficiaires, il m'a été confirmé que cette aide était très utile et même indispensable à la survie et permet aux familles de sortir de la misère la plus aigüe. En même temps, la distribution d'espèces permet de créer un marché local, de dynamiser l'économie et d'autonomiser les bénéficiaires qui reçoivent l'argent pour subvenir les besoins de la vie quotidienne. Ma recommandation serait bien entendu pour les bailleurs de fonds de s'intéresser à cette région et à ce système de distribution qui, visiblement, est très efficace.
La Suisse se tient au côté du Gouvernement de Madagascar depuis de nombreuses années, notamment à travers ses programmes de coopération au développement et d'aide humanitaire. Quelles sont les perspectives d'avenir ? Y a-t-il des domaines prioritaires qui vous tiennent à cœur ?
Effectivement l'aide humanitaire suisse est présente à Madagascar depuis 2013 en raison de la sécheresse et des conditions climatiques très difficiles qui sévissent dans le sud de la Grande Ile.
Par ailleurs, au niveau mondial, la Suisse s'engage par des contributions financières mais également par le détachement d'experts notamment dans le domaine de la distribution d'espèce. La Suisse est par ailleurs très active au sein du PAM et contribue à hauteur de 85 millions de francs suisse par an aux activités de l'organisation au niveau global. Les perspectives d'avenir ne sont pas tout à fait claires car, comme vous le savez, le nombre de crises humanitaires dans le monde se multiplie. Ainsi, je ne suis pas certain de la manière dont la Suisse va soutenir concrètement le PAM en 2018. Néanmoins, en cas de crise et connaissant le rôle déterminant du PAM en collaboration avec le Bureau National de Gestion des Risques et Catastrophes, la Suisse pourra certainement apporter une aide d'urgence lorsque ce sera demandé. Et je dirai que la distribution d'espèce que la Suisse soutient, est un système que nous souhaitons poursuivre étant donné les bonnes expériences que nous avons faites dans ce domaine.
La Suisse figure parmi les principaux partenaires du PAM à Madagascar. Comment décririez-vous ce partenariat ?
D'un point de vue personnel, je décris ce partenariat comme exemplaire. J'ai toujours pu avoir de bons contacts avec les différents Représentants du PAM à Madagascar et j'ai absolument confiance en leur jugement quant à l'allocation des fonds pour les populations les plus démunies, celles naturellement que nous visons avec nos contributions.