La faim, l'éducation des filles et l'importance du travail du PAM en Afghanistan
Près de la moitié de la population afghane - 19,7 millions de personnes - est confrontée à une faim aiguë selon l'analyse mondiale du Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire. Cependant, ce chiffre devrait baisser à 18,9 millions entre juin et novembre.
Cela est en partie dû à la saison de récolte du blé de mai à août et à une intensification bien coordonnée de l'aide alimentaire humanitaire, ainsi qu'à un soutien accru aux moyens de subsistance agricoles facilité par les généreuses contributions des donateurs.
La sécheresse actuelle du pays, combinée à sa crise économique, suggère cependant que les niveaux de faim sans précédent dont souffrent la population continueront de menacer la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes à travers le pays.
Mary-Ellen McGroarty, directrice nationale du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l'Afghanistan, souhaite que le PAM dispose des ressources dont il a besoin pour atteindre les personnes les plus vulnérables du pays.
Sa crainte principale est que les dons qui ont permis d'éviter la famine au cours des mois d'hiver brutaux diminuent.
"La générosité de nos donateurs et de la communauté internationale a permis aux familles de rester sur leurs terres, dans leurs communautés et dans leurs maisons", dit-elle. "Cependant, l'assistance doit se poursuivre - des niveaux de faim sans précédent continuent de saisir l'Afghanistan et son peuple. L'aide alimentaire et le soutien aux moyens de subsistance d'urgence sont des bouées de sauvetage ... Nous avons monté la plus grande opération alimentaire humanitaire au monde, atteignant plus de 16 millions de personnes depuis août 2021. Nous travaillons avec des agriculteurs, des meuniers et des boulangers, formons des femmes et créons des emplois pour soutenir l'économie locale."
"Parce que les Afghans préféreraient de loin des emplois à l'aide humanitaire, le PAM propose également une formation professionnelle aux femmes dans tout le pays. Toutes les femmes qui veulent travailler devraient pouvoir le faire. Permettre à l'économie de fonctionner normalement est le moyen le plus sûr de sortir de la crise, sinon la souffrance grandira là où les cultures ne le peuvent pas."
Elle ajoute: "La récolte n'est pas avant la fin de ce mois, juin, juillet, selon l'endroit où vous vivez", dit-elle. "Nous espérons que la récolte sera meilleure que l'an dernier. Cependant, une grande partie de cette somme sera déjà hypothéquée en raison des niveaux écrasants d'endettement personnel alors que les gens empruntent pour essayer de se nourrir."
L'agence sœur du PAM, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, a fait un "travail incroyable en termes d'acheminement des semences vers les communautés et entre les mains des agriculteurs", mais il y a des signes inquiétants que la sécheresse se poursuivra dans certaines parties du pays, et tous les agriculteurs n'ont pas eu accès aux semences. "De nombreux ménages ne pouvaient tout simplement pas acheter de semences", explique McGroarty.
"Les programmes de résilience gérés par le PAM et d'autres agences des Nations Unies, créent des moyens de subsistance et les conditions d'investissement du secteur privé qui pourraient, avec le temps, sortir les gens d'une situation où ils vivent au jour le jour", ajoute-t-elle. "Rural, urbain, moyen, ouvrier ou pauvre – tout le monde est dans le même bateau aujourd’hui."
"Les personnes âgées qui ont vécu des décennies de conflit me disent que c'est la première fois qu'elles doivent faire la queue pour obtenir de l'aide humanitaire."
"Nous concevons des programmes qui répondent non seulement aux besoins immédiats de la faim, mais qui ont également des impacts économiques. Prenez les repas scolaires, nous venons de lancer un projet qui s'appelle Bread+. Les petits exploitants agricoles et les transformateurs fabriquent de la farine à partir d'ingrédients locaux : blé, soja, noix et raisins secs rouges. Ce sont tous des produits fabriqués en Afghanistan pour l'Afghanistan".
"Le PAM prévoit de travailler avec 220 boulangeries et 1 100 boulangers - y compris des boulangères - d'ici la fin septembre pour produire du pain, donnant aux gens des emplois, des moyens de subsistance, et en même temps, nous scolarisons les enfants".
La réponse du PAM à l'alimentation des écoliers est essentielle en cette période d'extrême insécurité alimentaire. Des initiatives comme Bread+ donnent aux filles et aux garçons un regain d'énergie, de protéines et de micronutriments afin qu'ils puissent grandir et se concentrer pour mieux apprendre.
Les repas scolaires encouragent également les familles à maintenir leurs enfants à l'école. Les jeunes garçons et filles afghans sont l'avenir de leur pays. Les restrictions imposées aux droits des filles à l'enseignement secondaire sont préoccupantes pour cette raison même, surtout si l'on pense aux services vitaux comme les soins infirmiers, les sages-femmes et la médecine, où les femmes sont cruellement nécessaires. Le PAM reste déterminé à soutenir les garçons et les filles dans leur droit fondamental à l'éducation.
"Les femmes et les filles doivent être capables d'enseigner, d'étudier, d'apporter des soins médicaux pour aider à éviter une aggravation de la crise humanitaire dans ce pays. Nous devons atteindre chaque femme, homme, garçon et fille afghans et nous avons besoin que les femmes puissent participer à cette réponse", déclare McGroarty.
Le PAM en Afghanistan intensifie également les programmes d'adaptation au climat, qui sont importants pour la sécurité alimentaire, car le pays a subi de fréquents chocs climatiques ces dernières années, allant de graves inondations à une sécheresse extrême. "Le PAM a mis plus de 6 000 hectares de terres en culture grâce à l'irrigation pour permettre aux familles et aux communautés de cultiver leur propre nourriture et qu'elles puissent atténuer les impacts du changement climatique", dit-elle. "Le PAM a également travaillé avec des partenaires pour construire 130 km de canaux d'irrigation afin de soutenir les communautés."
Le PAM a besoin de 588 millions de dollars pour les six prochains mois pour répondre aux besoins de la population en 2022. Le financement, dit McGroarty, ''est nécessaire pour un ensemble d'activités, y compris les programmes que nous menons avec les femmes, pour les femmes, apporter notre assistance, mais aussi une plateforme de soutien et de solidarité pour les femmes".
"Nous devons préserver le libre arbitre du peuple afghan. Car c'est lui qui, une fois sortit de ce premier traumatisme, définira la voie du pays."
Pour atteindre plus de personnes chaque mois, le PAM déploie une flotte de plus de 300 camions par jour pour aider à acheminer la nourriture des entrepôts vers plus de 2 000 sites de distribution alimentaire dans certaines des régions les plus reculées et les plus montagneuses d'Afghanistan. Cette année, le PAM a livré 296 000 tonnes métriques de nourriture à des personnes à travers le pays, tout en transférant 113,3 millions de dollars américains sous forme de bons en espèces et en produits de base. La mise à l'échelle du PAM contribue à injecter de l'argent dans l'économie locale, à créer des emplois, à soutenir les entreprises locales et à apporter en moyenne 55,8 millions de dollars à l'économie locale au cours d'un mois donné.
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