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Du haut des airs: les drones et l’action humanitaire en Haïti

Plus de 45 personnes de 17 institutions sont présentes en cette chaude journée du mois de mai, pour apprendre à piloter un drone.
, Tom Mallah
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WFP / Adam Marlatt

Par une chaude journée du mois de mai, le ciel est gris et l'air est lourd d'humidité. Tandis que le mercure grimpe, un son d'hélices perce le décor idyllique de la Côte des Arcadins en Haïti. Plus de 45 personnes de 17 institutions sont présentes afin d'apprendre comment piloter un drone.

Au début, les participant(e)s sont hésitant(e)s avec les commandes : les drones vont de gauche à droite, et se déplacent de façon maladroite. Mais après quelques heures seulement, le niveau d'habileté grimpe en flèche et les apprentis-pilotes gagnent en confiance. Le jour suivant, sous l'œil attentif des instructeurs, les participants doivent manœuvrer entre les palmiers et les ballons gonflables qui jalonnent le parcours.

Le but de cette formation : développer les capacités locales et régionales pour déployer cette technologie, et ainsi permettre au gouvernement et aux ONGs de mieux anticiper et répondre aux catastrophes naturelles. Soutenue par le gouvernement de la Belgique, la formation sur les drones du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a déjà été livrée dans 5 pays, notamment au Mozambique, où des drones ont été déployés et coordonnés par le gouvernement suite au passage des cyclones Idai et Kenneth.

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WFP / Katarzyna Chojnacka

Des équipes du gouvernement travaillant dans le domaine des urgences et de la coordination aérienne, ainsi que plusieurs agences des Nations Unies ont pris part à la formation. La Direction de la Protection Civile (DPC) en Haïti, qui s'occupe de la gestion des risques et des désastres à travers le pays se dit très intéressée par le potentiel de cette technologie pour leur travail : « Cette formation est une valeur ajoutée pour nous (…) nous allons essayer d'intégrer davantage les drones après les catastrophes et les désastres, notamment pour les activités de terrain. Cela permettra d'évaluer la situation beaucoup plus rapidement » estime Berla Severin, chef de service à la DPC.

Selon l'indice climatique mondial, Haïti se classe 4ème dans la liste des pays les plus vulnérables aux événements météorologiques extrêmes (PAM, 2019). Tremblements de terre, ouragans, inondations et sécheresses : le pays fait régulièrement face à des catastrophes naturelles.

« Les drones sont le futur des opérations de recherche et de sauvetage »

Le pays a développé beaucoup d'expertise au fil des années, tant en matière de préparation aux urgences et aux désastres qu'en termes de réponse : « Les drones sont le futur des opérations de recherche et sauvetage : ils se déploient rapidement, peuvent couvrir de larges zones de recherches et livrer des trousses de premiers soins en terrains difficiles d'accès » selon Charles-Alain Beauvoir, contrôleur SALSAT avec l'Office National de l'Aviation Civile (OFNAC).

WFP / Adam Marlatt

Au-delà des urgences

La formation touche aux aspects pratiques, à l'usage responsable de cette technologie et met en avant la coordination entre les organismes gouvernementaux et humanitaires. Les images aériennes que les drones génèrent sont nettement plus précises que celles produites par des satellites. À l'aide de logiciels numériques, les images recueillies peuvent être utilisées pour générer des cartes orthomosaïques et des modèles 3D altimétriques. Elles permettent également d'évaluer rapidement l'ampleur des dommages causés par une catastrophe naturelle. Les cartes dérivées des images de drones peuvent servir autant aux urgences qu'au développement ou à la préservation des sites historiques.

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En février 2019, l'équipe de drones du PAM s'est rendue à la Citadelle Laferrière pour cartographier le site. WFP / Katarzyna Chojnacka; WFP / Adam Marlatt

Plus tôt en février 2019, l'équipe de drones du PAM s'est rendue au sud du Cap Haïtien et à la Citadelle Laferrière, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Perchée à plus de 900 mètres, la vielle forteresse a survécu à deux siècles d'histoire et de tempêtes, témoignant de la force de caractère du peuple haïtien. En moins d'une journée, l'équipe du PAM a capturé et produit une carte orthomosaïque du site. Les données ont été partagées avec les participants de la formation afin qu'ils puissent produire leurs propres cartes durant un exercice de groupe.

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WFP / Katarzyna Chojnaka

Pour Ronald Fevry, analyste informatique avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (UNDP) en Haïti, les drones ont beaucoup d'influence sur les projets de développement: « J'ai fait l'expérience d'utiliser le drone pour faciliter l'installation d'un système de panneaux solaires (…) je peux déjà en voir les avantages avec mes collègues qui travaillent sur le terrain. Il aide à prélever les données ou à évaluer les sites avant même d'implanter un projet. Enfin, la qualité des informations obtenues grâce à l'utilisation des drones permet de déterminer si le projet est viable. En aval, les drones vont aussi nous aider à mieux planifier après une crise ».

John Charles, analyste en technologies de l'information et de la communication (TIC) avec le Fond des Nations Unies pour la Population (UNFPA) se dit très intéressé par la capacité des drones à soutenir des projets tels que le Recensement général de la Population et de l´Habitat en Haïti qui se déroule chaque année : « les drones peuvent nous permettre d'identifier le nombre de personnes et de maisons avec une grande précision. Les drones font beaucoup plus que simplement prendre des photos ».

La formation sur les drones du PAM s'est déroulée du 21 au 31 Mai 2019 à Port-au-Prince et sur la Côte des Arcadins.

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