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Une nouvelle étude montre que la sous-nutrition impacte sérieusement l'économie du Ghana.

Une nouvelle étude montre que la sous-nutrition impacte sérieusement l'économie du Ghana.
ACCRA – L’économie ghanéenne perd quelque 4,6 milliards de cedis (soit 2,6 milliards de dollars américains ou 6,4% du PIB du pays) par an dû aux effets néfastes de la sous-nutrition chez les enfants, constate une nouvelle étude lancée aujourd’hui dans la capitale.

L’étude ‘‘The Cost of Hunger in Africa: the Social and Economic Impact of Child Undernutrition on Ghana’s Long-Term Development ’’ (COHA), montre que des sommes considérables sont dépensées en raison de l’augmentation des frais de santé, des charges supplémentaires liées au système éducationnel et à la réduction de la productivité de la main d’œuvre.   

Les conséquences découlant du retard de croissance sont particulièrement alarmantes. Ce dernier se présente lorsqu’un enfant ne reçoit pas suffisamment, durant la grossesse et les deux premières années de sa vie, de nutriments essentiels tels que les protéines, les vitamines et les minéraux. Ce phénomène est aggravé par les maladies et par de mauvaises pratiques d’hygiène.  Dès l’enfance, les personnes souffrant d’un retard de croissance font face à ses conséquences : maladies fréquentes, faible rendement scolaire, redoublement ou abandon scolaire, et faible productivité au travail.  

Parmi les conclusions de l’étude COHA, on constate que :

  • 37%  de la population adulte au Ghana souffre d’un retard de croissance durant l’enfance ;
  • 24% de cas de mortalité infantile au Ghana sont liés à la sous-nutrition;
  • En raison de la mortalité infantile liée à la sous-nutrition, la force de travail au Ghana s’est réduite de 7,3%.

Au cours des deux dernières décennies, le Ghana a réalisé certains progrès dans l’amélioration de la nutrition des enfants, réduisant les taux de malnutrition chronique et de retard de croissance de respectivement 23% et 19%. Cependant, l’étude COHA met l’accent sur la nécessité de poursuivre les efforts dans ce domaine.

Le Dr. Margaret Agama Nyetei, directrice de la Division santé, nutrition et population de la Commission de l’Union africaine, explique que cette problématique est essentielle pour la vision de l’UA, ainsi que pour son plan d’action à réaliser au cours de 50 prochaines années, connu comme l’Agenda 2063. « Dans l’Union africaine, nous estimons que la réalisation de l’Agenda 2063, ainsi que des Objectifs de développement durable (ODD), ne sera possible qu’en exploitant pleinement le potentiel de tous les secteurs de la société, y compris les enfants, » dit-elle.

L'objectif d'éliminer le retard de croissance est la clé pour atteindre l’objectif Faim Zéro, l’Objectif de Développement Durable n°2 » déclare Thomas Yanga, Directeur du Programme alimentaire mondial en Afrique. « Les pertes économiques peuvent être évitées grâce à des interventions stratégiques qui assurent une nutrition adéquate pour les mères et les jeunes enfants. »

Le retard de croissance n’est pas simplement un problème de santé, et doit être abordé selon une approche multisectorielle et être prioritaire dans tous les programmes de développement de la communauté au niveau national.

« Garantir une génération libérée de la malnutrition nécessite des investissements significatifs dans les stratégies et interventions nutritionnelles. Par conséquent, il est nécessaire pour le Ghana d’établir des partenariats stratégiques avec des acteurs pertinents, particulièrement ceux issus du secteur privé et les acteurs non-gouvernementaux, afin de lutter contre la sous-alimentation globale » déclare la Professeur Takyiwaa Manuh, Directrice de la Division des politiques de développement social à la Commission économique pour l’Afrique.

Dans la région du Nord du Ghana, 30 pourcents des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance ou de malnutrition chronique. Cela n’affecte pas seulement leur croissance mais également leur développement éducatif et leur potentiel économique, et, par conséquent, l’avenir du pays » déclare Margot van der Velden, la Directrice Régionale adjointe du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Le rapport COHA est dirigé par la Commission de l’Union Africaine (CUA), en partenariat avec les gouvernements africains, l’agence du NEPAD chargée de la planification et de la coordination (NPCA), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA) et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM). Jusqu’à présent, les études ont été menées en Egypte, Ethiopie, au Swaziland, Uganda, Burkina Faso, Malawi et Rwanda, et sont en passe de l’être au Tchad, Lesotho, en Mozambique, à Madagascar et en Mauritanie.

L’équipe du COHA responsable de la mise en œuvre nationale et en charge de collecter, de traiter et de présenter les résultats du Ghana, était composée de ministères, de départements et d’agences, d’agences onusiennes, d’organisations de la société civile, d’organisations non-gouvernementales, ainsi que d’organisations internationales s’intéressant à la lutte contre la sous-nutrition infantile. Le lancement de cette étude s’est fait sous l’auspice de la Commission de la Planification du Développement National.

Le gouvernement du Ghana, la Banque Africaine de Développement, l’Agence Française de Développement, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), la Fondation Rockefeller et le PAM ont contribué financièrement à la réalisation de cette étude au Ghana.