Un manque de fonds risque d’aggraver la tragédie humanitaire au Kenya
Manque de ressources
M.Morris a déclaré que son agence manque de denrées alimentaires pour les 3,5 millions de Kenyans qui ont besoin d’une aide d’urgence, selon une évaluation détaillée réalisée en janvier dernier par le gouvernement kenyan, le PAM, d’autres agences des Nations Unies ainsi que d’autres partenaires.
Un don de 60 000 tonnes de maïs et de riz de la part du gouvernement kenyan permettra de couvrir les besoins en céréales pour les mois de mars et d’avril, mais le PAM ne dispose que de la moitié de la quantité de légumineuses nécessaire pour le mois de mars et d’aucune huile végétale. De plus, les stocks de mélange maïs-soja – mélange hautement nutritif pour améliorer l’état nutritionnel des enfants vulnérables et des femmes enceintes ou allaitantes – sont au plus bas.
« Hier, dans la ville d’El Wak, au nord-est du Kenya, près de la frontière somalienne, j’ai vu des milliers d’agriculteurs qui peinent à survivre. Ils ont perdu leur bétail, et avec lui, leur moyen de subsistance. Ils doivent aussi partager l’aide alimentaire qu’ils reçoivent avec les arrivants qui se présentent tous les jours », a déclaré M. Morris.
Agir de tout urgence
Ces habitants n’ont plus d’eau ni de denrées alimentaires. Si nous ne les aidons pas au plus vite, il sera trop tard James T. Morris
« Jusqu’à présent, le nombre de décès est assez limité. En effet, le PAM et ses partenaires enregistrent rapidement les nouveaux arrivants pour leur assurer une aide alimentaire, mais nous craignons qu’une rupture des stocks de denrées alimentaires qui touchera les habitants les plus vulnérables, ne se traduise par de plus grandes souffrances et plus de décès. Ces habitants n’ont plus d’eau ni de denrées alimentaires. Si nous ne les aidons pas au plus vite, il sera trop tard », a précisé M. Morris
Le Directeur exécutif du PAM s’est déclaré reconnaissant aux récents donateurs, dont les contributions en argent vont permettre l’acheminement des denrées alimentaires offertes par le gouvernement kenyan. Pourtant, l’agence a encore besoin de 189 millions de dollars pour mener à bien son opération d’urgence, qui va durer toute l’année. Une diminution des rations ne fera qu’exacerber la situation nutritionnelle déjà précaire des zones les plus touchées.
« Si nous ne leur offrons pas une aide alimentaire adéquate, de nombreux Kenyans ne résisteront pas à un autre choc, car ils sont déjà particulièrement affaiblis par cinq périodes de récoltes consécutives très faibles, ajoute M. Morris. Quant à ceux qui ont déjà perdu leur bétail, la saison des pluies ne signifie pas qu’ils n’ont plus besoin d’aide ».
Un problème régional
Le Directeur exécutif du PAM s’inquiète aussi du caractère régional de la sécheresse, et de son impact sur la Somalie, pays voisin où l’insécurité compromet l’accès à 1,4 million de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire d’urgence et vivant dans le sud du pays. Le PAM a besoin de 34 millions de dollars pour ses opérations d’urgence en Somalie en 2006. « Alors qu’un manque de fonds handicape les opérations d’urgence contre la sécheresse au Kenya, le PAM et les autres agences d’aide humanitaire rencontrent d’énormes difficultés pour atteindre les victimes de la sécheresse dans les zones reculées et peu sûres, a déclaré M. Morris. Nous demandons aux dirigeants et aux milices rivales de mettre de côté leurs différents pour garantir la sécurité des convois, et éviter une catastrophe humanitaire ».
En février, des agences des Nations Unies, dont le PAM, ainsi que des organisations non gouvernementales, ont réalisé une évaluation nutritionnelle dans deux camps de déplacés situés dans la ville de Wajid, au sud de la Somalie. Ils y ont découvert que le taux global de malnutrition était extrême élevé chez les enfants de moins de cinq ans avec 27,1%, c’est-à-dire près du double du taux d’urgence fixé à 15%, le taux de malnutrition sévère atteignant pour sa part 8,6%. Les causes principales de cette progression de la malnutrition sont la diarrhée, les infections respiratoires et les ruptures de l’aide alimentaire.
Insécurité persistante
Nous demandons aux dirigeants et aux milices rivales de mettre de côté leurs différents pour garantir la sécurité des convois, et éviter une catastrophe humanitaireJames T. Morris
Après des attaques à répétition des bateaux en Somalie en 2005, le PAM a renoncé à l’acheminement par la mer. Les convois routiers sont aussi régulièrement la cible d’attaques. Ainsi, le PAM utilise une combinaison de transport par les routes les plus lentes et les plus sûres du pays et d’un acheminement maritime pour augmenter le volume des livraisons d’aide alimentaire, afin de faire face à des besoins croissants. Le PAM dispose aussi de plans de contingence pour des acheminements aériens, qui sont plus coûteux que le transport routier, pour les périodes de précipitations où les inondations coupent les accès routiers.
Les donateurs
Depuis le mois de janvier, les pays suivants ont confirmé leur contribution aux opérations du PAM au Kenya : Etats-Unis (15,7 millions de dollars), le Kenya (13,2 millions de dollars), le Département pour le Développement International du Royaume-Uni (1,8 million de dollars), l’Australie (1,5 million de dollars), l’Irlande (1,5 million de dollars), l’Autriche (700 000 dollars), la Belgique (605 000 dollars), l’Italie (588 000 dollars), le Luxembourg (296 000 dollars), la Nouvelle Zélande (274 000 dollars), la Turquie (200 000 dollars) et Israël (17 000 dollars).
Le PAM a reçu les contributions suivantes pour la Somalie depuis le mois de janvier : Etats-Unis (26 millions de dollars), le Département pour le Développement International du Royaume-Uni (4,3 millions de dollars), l’Irlande (1,2 million de dollar), l’Allemagne (900 000 dollars), l’Australie (700 000 dollars), le Canada (400 000 dollars) et l’Autriche (214 000 dollars).