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Rwanda : les recherches concluent que l'assistance alimentaire pour les réfugiés bénéficie à l'économie locale

Rwanda : les recherches concluent que l'assistance alimentaire pour les réfugiés bénéficie à l'économie locale
NAIROBI - Une nouvelle étude menée au Rwanda a conclu que l’assistance humanitaire pour les réfugiés a un impact positif sur les économies des communautés hôtes avoisinantes, et cet impact est significativement plus élevé lorsque les réfugiés reçoivent des transferts en espèces plutôt que des rations alimentaires pour répondre à leurs besoins alimentaires mensuels.

L'étude a été menée par une équipe de chercheurs du Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Université de Californie, Davis. Leurs résultats ont été publiés dans les Actes de l'Académie nationale des sciences, l'une des principales revues scientifiques du monde.

L'étude a mesuré l'impact local de l’assistance alimentaire fournie par le PAM aux réfugiés congolais vivant dans trois camps au Rwanda. En utilisant des centaines d'entrevues avec des membres de la communauté rwandaise, les réfugiés congolais et les entreprises locales, les chercheurs ont créé un modèle des économies dans un rayon de 10 kilomètres autour de chaque camp, et ensuite comparé les données entre les camps où les réfugiés ont reçu des allocations en espèces mensuelles, et un camp où les réfugiés ont continué - à l'époque - à recevoir des distributions mensuelles de nourriture.

« Notre recherche a révélé que les communautés locales constatent des avantages économiques réels à l’accueil des camps de réfugiés, quel que soit le type d'assistance alimentaire reçue, mais il était clair que l’assistance alimentaire en espèces se traduit par un plus grand coup de pouce pour les personnes vivant près des camps », a déclaré l'auteur principal de l'étude, J. Edward Taylor, professeur d'économie agricole et des ressources à l'UC Davis.

« Chaque réfugié génère un revenu réel pour la communauté environnante qui est plus grand que la somme de l’assistance humanitaire que le réfugié reçoit ; et si le réfugié reçoit de l'argent, l'impact de cette aide peut presque doubler, » at-il ajouté.

Dans Kigeme, le camp où les réfugiés recevaient la nourriture au moment de l'étude, les chercheurs ont constaté que la valeur de chaque dollar de nourriture pour les réfugiés a augmenté le revenu réel pour la communauté autour de Kigeme de 1,20 dollar américain. Dans deux autres camps, Gihembe et Nyabiheke, où les réfugiés ont reçu des transferts en espèces chaque mois au lieu de la nourriture, chaque dollar reçu s’est traduit en 1,51 à 1,95 dollar américains dans l'économie locale. L'étude a également montré une augmentation significative des échanges commerciaux entre cette zone locale de 10 kilomètres et le reste du pays.

Dans les deux camps bénéficiant de l’assistance en espèces, chaque réfugié adulte a reçu respectivement un total annuel de 120 à 126 dollar américain. L’étude a révélé que chaque réfugié adulte supplémentaire dans ces deux camps a respectivement augmenté le revenu réel annuel de la région de 204 à 253 dollars américains, ce qui équivaut à une augmentation de 63 % et 96 % créé par chaque réfugié dans les deux camps pour la moyenne des revenus des ménages rwandais voisins des camps.

« Quand les réfugiés reçoivent une ration mensuelle de vivres, ils vendent souvent une partie de celle-ci à des prix inférieurs à ceux du marché afin qu'ils puissent avoir un peu d'argent et acheter d'autres produits sur le marché, comme les fruits ou légumes frais », a déclaré Ernesto Gonzalez, co-auteur de l'étude qui travaille sur l’assistance sous forme de cash dans le bureau régional du PAM à Nairobi. « Lorsque les réfugiés reçoivent de l'argent à la place, ça ne leur donne pas seulement plus de contrôle et de choix sur ce qu'ils mangent, mais augmente également leur pouvoir d'achat, et augmente donc la force de leur contribution à l'économie locale. »

La situation agricole et les conditions du marché diffèrent quelque peu dans les trois camps étudiés. Les chercheurs ont constaté que le degré d’impact de l'aide aux réfugiés est significativement différent dans chaque domaine. En général, les communautés avec un secteur agricole plus développés ont reçu plus de bénéfices parce que les agriculteurs sont plus facilement en mesure de vendre leurs produits pour répondre à la demande du marché. Suite aux enquêtes, le PAM a décidé de fournir des espèces plutôt que de la nourriture aux réfugiés dans le camp de Kigeme, et les chercheurs espèrent mener une étude de suivi pour mesurer l'impact de ce changement.

« Cette recherche est essentielle, car c’est la première fois que nous avons été en mesure de quantifier le degré auquel l'assistance aux réfugiés est aussi synonyme de soutien économique et de développement pour les communautés et les nations qui les accueillent, » a déclaré la Directrice Exécutive du PAM Ertharin Cousin. «Trop souvent, les réfugiés sont considérés comme un fardeau ou une menace, mais cette étude démontre que l'accueil des réfugiés peut économiquement bénéficier aux communautés et que l'assistance pour les réfugiés fait une différence concrète dans la vie des personnes, y compris ceux qui ne reçoivent pas directement cette assistance. »

Le Rwanda accueille actuellement plus de 150 000 réfugiés dans cinq camps de réfugiés. La recherche a été menée dans trois camps dans le sud du Rwanda - Gihembe, Kigeme et Nyabiheke.

Au Rwanda, et dans de nombreux autres pays, le PAM fournit de plus en plus d'aide en espèces en plus des formes plus traditionnelles de livraison des fournitures alimentaires. Ces transferts monétaires innovants qui peuvent inclure l'argent liquide, l'argent mobile, les paiements par SMS ou les bons alimentaires, permettent au PAM de répondre plus rapidement aux besoins de la population qu'il épaule.

Ils apportent de la flexibilité et de l'agilité à l'aide traditionnelle, en utilisant les dernières technologies disponibles. Cependant, fournir une assistance alimentaire en nature est nécessaire dans certains contextes : lorsque les marchés ne fonctionnent pas ou les approvisionnements alimentaires locaux sont insuffisants. La décision du PAM quant à la forme de l’assistance à fournir (nourriture, argent, ou les deux) repose en grande partie sur le contexte local et la présence d'un marché.

L'étude qui quantifie l'impact économique de l'assistance que les réfugiés reçoivent ne mesure pas une caractéristique unique des programmes d'assistance du PAM au Rwanda : la grande quantité de nourriture que le PAM achète localement. Plus de 80 % du maïs et des haricots que le PAM distribue au Rwanda, y compris la nourriture fournie aux réfugiés dans les camps qui ne reçoivent pas encore les transferts monétaires, a été produit par les agriculteurs rwandais.

L'étude publiée cette semaine dans la revue PNAS a été basée sur des enquêtes économiques détaillées d'un échantillon aléatoire de ménages de réfugiés et un certain nombre d'entreprises formelles dans chaque camp, ainsi que les ménages du pays d'accueil et les entreprises dans un rayon de 10 kilomètres autour de chaque camp pour capturer les principaux marchés dans lesquels les réfugiés transigent.

Elle a été réalisée durant l'été 2015, et s’est concentré en particulier sur la façon dont les économies des camps de réfugiés interagissent avec les économies des communautés d'accueil environnantes et sur l’impact économique des mécanismes alternatifs de l'assistance alimentaire, et tout particulièrement l’assistance en nature par rapport aux transferts monétaires.