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République Démocratique du Congo : Relancer la machine

Trop loin, trop grand, trop compliqué, trop pauvre. La RDC et ses maux sont un cliché pour beaucoup dans les pays riches – un chaos qui se perpétue et qui ne verra jamais la fin, alors autant l’oublier.

Le récent résultat des premières élections libres en 41 ans est une chance pour changer la donne et aider à reconstruire ce qui peut être un des moteurs de l’Afrique.

Une crise souvent oubliée

Quelque soit les efforts déployés pour la médiatiser, la RDC reste jusqu’ici reléguée au rang des pays dont on sait vaguement qu’il a souffert et souffre encore d’un conflit, que les gens doivent y être pauvres. Mais on ne mesure pas l’échelle de souffrance comme on peut la mesurer visuellement au Darfour ou dans les zones arides de l’Afrique orientale.

Les contributions financières ont d’ailleurs suivi le même schéma. L’année dernière, le montant de l’aide humanitaire apportée à la RDC était de 10$ par personne, par rapport a 100$ pour le Darfour et 1000$ en faveur du Tsunami, selon des calculs de l’agence de développement britannique DFID. Pour les pays donateurs le sentiment de donner des millions a fonds perdus est souvent présent, alors pourquoi continuer ?

Pourquoi ? Parce qu’en regardant une carte de l’Afrique, l’ancien Zaïre est au cœur du continent, qu’il a neuf frontières internationales, et comme un passé douloureux l’a montré, ce qui s’y passe reste rarement cantonné a l’intérieur des terres. La « première guerre mondiale africaine » a pendant six ans ravagé le pays et entraîné six autres nations dans son sillage. Un effet d’entraînement qui, utilisé de manière positive, engendrerait des bénéfices exceptionnels pour toute la sous région.

Un potentiel

important

D’autant plus que certaines choses fonctionnent en RDC, elles ont juste besoin d’un coup de pouce. Le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies essaie, autant que faire se peut, d’être une locomotive – littéralement, puisque grâce à un accord avec la Société Nationale des Chemins de fer Congolais, nous avons pu envoyer plus de 2000 tonnes d’aide alimentaire à plus de 300 000 personnes durant ces deux derniers mois. Les trains humanitaires partis de Lubumbashi le mois dernier représentent les plus grands convois ferroviaires jamais mis en place ces dix dernières années pour transporter des vivres à travers la RDC.

Le train permet d’apporter une grande quantité de nourriture à travers le pays, à un coût cinq fois moins élevé si on le compare aux largages de vivres. C’est aussi un moyen de désenclaver des régions isolées et permettre aux populations de se déplacer plus facilement, de vendre les produits de leurs récoltes, bref c’est une façon de relancer la machine économique et sociale.

Les projets de réhabilitation lacustres et fluviaux mis en place par le PAM avec des partenaires locaux ont aussi pour but d’aider à la réouverture de vastes territoires au développement économiques. De récentes contributions de la Commission européenne, de la Belgique et de la France ont également permis au PAM d’effectuer des achats locaux de produits vivriers pour soutenir la relance de l’agriculture.

Une priorité pour la communauté internationale

La population ne s’est pas remise des années de conflit. Des centaines de milliers de familles ont fuit leurs villages, des enfants ont péri ou grandi dans la forêt, les infrastructures ont été détruites, les ressources naturelles pillées, le peu de services de santé existants réduits à néant. Selon la FAO, 72% de la population congolaise est sous-alimentée, les récits de viols, les déplacements de population, les maladies telle que la peste et le cholera font que la RDC doit représenter une priorité pour la communauté humanitaire.

Le pays bénéficie d’une végétation luxuriante, d’un sous-sol riche en minerais, de légumes, de céréales, de fruits et de produits miniers indispensables au développement économique de la planète.

En cette période de soudure, le gouvernement, le PAM et les autres acteurs humanitaires doivent plus que jamais aider les familles vulnérables, celles qui ont tout perdu mais aussi celles qui rentrent chez elles et qui ont besoin d’aide jusqu'à leurs premières récoltes.

Une aide alimentaire certes, mais aussi des semences et des outils, des écoles qui ouvrent, des services de santé réactivés, une vaccination accrue pour les enfants. Tout cela est nécessaire pour concrétiser les dividendes de la paix, sans lesquels la population perdra confiance dans ses élus et dans la communauté internationale.

C’est non seulement un devoir humanitaire, c’est aussi une contribution au développement de la région et du continent tout entier.

Par Charles Vincent, Représentant du Programme Alimentaire Mondial en RDC