L’ONU lance un appel pour combattre la malnutrition infantile dans les camps au Kenya
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) et le Fonds pour l’Enfance (UNICEF) appellent les bailleurs de fonds à donner 32 millions de dollars US pour améliorer les soins pour les enfants et leurs mères réfugiés dans les camps situés dans les régions arides du nord du Kenya.
Urgence
Un enfant sur cinq âgé de moins de cinq ans souffre de malnutrition au point d’avoir besoin de soins spécifiques, et une partie d’entre eux mourra. Ça ne peut plus durer.Marian Read, directrice adjointe du PAM au Kenya
Au total, 237 000 réfugiés, principalement somaliens et soudanais, vivent dans les camps de Dadaab et Kakuma. Selon une étude récente, le taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans s’élève à 22,2 % dans le camp de Dadaab et à 15,9 % à Kakuma. Des taux supérieurs à 15 % sont synonymes d’urgence.
Le taux d’anémie est particulièrement inquiétant. D’après une enquête nutritionnelle menée par le HCR et l’agence allemande de développement (GTZ) dans le camp de Dadaab en juin 2006, le taux d’anémie s’élève à 78 % chez les enfants de moins de cinq ans et à 72,7 % chez les femmes. Les agences de l’ONU ont précisé que les taux de malnutrition élevés persistent bien que le PAM fournisse depuis deux ans 95 % de la nourriture distribuée dans les camps afin de subvenir aux besoins énergétiques minimums recommandés, estimé à 2 100 kilocalories par personne et par jour.
Une aide intégrale
Elles ont ajouté qu’une aide intégrale est nécessaire afin de combattre les pénuries de biens de base tels que le bois, les cuisinières à économie d’énergie et le savon pour s’assurer que les réfugiés ne sont pas contraints de vendre leur nourriture pour se procurer ces biens. Les aliments complémentaires comme l’arachide, qui fournit des nutriments essentiels, et les suppléments thérapeutiques pour soigner les enfants souffrant de malnutrition grave, font également défaut.
Les trois agences appellent également à un renforcement du personnel sur les installations médicales des camps afin d’aider les enfants constamment menacés par le paludisme et d’autres maladies. Au cours des dernières années, le choléra, la rubéole, la méningite et les premiers cas de polio déclarés au Kenya depuis 20 ans ont été détectés dans les camps, aggravant encore l’état nutritionnel déjà fragile des enfants. « La crise de malnutrition que nous observons actuellement dans les camps de réfugiés au Kenya est la conséquence du manque de financement récurrent des dernières années. Chaque année, nous nous trouvons incapables de satisfaire pleinement les besoins des réfugiés en bois, savon ou autres produits de base. Nous devons prendre le problème par la racine si nous voulons éradiquer la faim dans les camps » a déclaré Eddie Gedalof, Représentant de l’HCR par intérim. M. Gedalof a précisé que suite aux contraintes budgétaires, les réfugiés reçoivent seulement 15 % du bois et moins de la moitié de la quantité de savon dont ils ont besoin. L’eau reste insuffisante puisque les réfugiés ne disposent que de 19 litres d’eau par jour et par personne au lieu des 20 litres minimum recommandés. Certaines familles disposent d’encore moins, ce qui les rend très vulnérables aux maladies.
Les programmes et les fournitures essentielles de secours porteront le coût total des opérations à 32 millions de dollars au cours des 12 prochains mois. Le PAM aura besoin de 24,3 millions de dollars pour la nourriture, le HCR de 7,17 millions pour fournir du savon, du gaz pour cuisiner, des cuisinières à économie d’énergie et des aliments complémentaires riches en micronutriments tels que l’arachide. L’UNICEF aura besoin de 589 948 dollars pour gérer la malnutrition aiguë et ses causes, notamment l’insuffisance alimentaire des enfants et les méthodes d’allaitement.
L’environnement aride du Nord du Kenya et les politiques du gouvernement qui interdisent la culture, le pâturage ou le travail hors des camps signifient que les réfugiés sont entièrement dépendants de l’aide internationale. La flambée des violences a provoqué la fuite de 40 000 Somaliens depuis mi-2006.
Une situation qui ne peut plus durer
« Si les réfugiés n’obtiennent pas de bois ou de savon, ils sont contraints de vendre leurs rations alimentaires pour en acheter » explique Marian Read, directrice adjointe du PAM au Kenya. « Lorsqu’il n’y a pas assez de nourriture, ce sont les enfants et les femmes qui en souffrent le plus. Un enfant sur cinq âgé de moins de cinq ans souffre de malnutrition au point d’avoir besoin de soins spécifiques, et une partie d’entre eux mourra. Ça ne peut plus durer. »
Mme Read a ajouté qu’il est possible que de nouveaux réfugiés fuient la Somalie si les violences augmentent. Bien que le PAM dispose de trois mois de réserve alimentaire de secours, le manque de financement pourrait faire diminuer cette marge et le PAM ne serait plus en mesure de répondre aux besoins croissants.
Les rations du PAM sont constituées de céréales, de pois ou de lentilles pour les protéines, d’huile végétale, de sel et d’un mélange maïs-soja. Un ensemble qui fournit un régime de base équilibré mais qui ne peut fonctionner si les rations sont vendues pour se procurer des produits non alimentaires, pour moudre le blé ou pour acheter la nourriture que la famille préfère, comme la viande, les légumes ou la farine.
Appel aux donateurs
La Représentante de l’UNICEF au Kenya, Olivia Yambi, a lancé un appel urgent, en rappelant que cette période de l’année est liée à la malnutrition la plus élevée.
« Dans les camps, la malnutrition est liée à la moitié des décès des enfants de moins de cinq ans » a-t-elle déclaré. « Même pour ceux qui s’en sortent, la malnutrition compromet le potentiel de développement de ces enfants. Nous appelons nos donateurs à nous aider au plus vite afin de soigner un maximum d’enfants pour qu’ils grandissent dans de bonnes conditions et mènent une vie productive. »