L'ONU et les gouvernements établissent une feuille de route pour lutter contre la faim dans la corne de l'afrique
Ils ont prévenu que la prochaine crise majeure pourrait mettre plus de 20 millions de personnes dans le besoin d’aide d’urgence.
La feuille de route est le résultat de plusieurs mois de discussions conclus aujourd’hui après un sommet de deux jours à Nairobi qui a réuni les représentants des gouvernements de Djibouti, d’Érythrée, d’Éthiopie, du Kenya, de Somalie et d’Ouganda, ainsi que des organisations régionales, des institutions financières internationales, des instituts de recherche, des acteurs du secteur privé, des organisations non gouvernementales et les Nations Unies.
Un grand défi
« Le plus dur reste à faire » a déclaré Kjell Magne Bondevik, Envoyé spécial des Nations Unies pour l’humanitaire dans la Corne de l’Afrique. « Nous avons identifié ce qui fonctionne le mieux selon les régions. Le défi le plus important est de parvenir à éradiquer totalement la faim à une grande échelle dans la Corne plutôt que d’éteindre des feux un par un. »
« La Corne connaît des crises alimentaires parmi les plus graves au monde qui ne font que revenir plus rapidement et plus durement à cause des changements climatiques, des dégradations environnementales et politiques, des conflits armés et de bien d’autres facteurs » a-t-il ajouté. « À présent, nous devons tous nous engager à mettre un terme à cette situation de désespoir et de désastre qui pourrait faire plonger 20 millions de personnes dans le besoin si nous n’agissons pas. »
« Cependant, rien ne fonctionnera si nous n’appliquons pas les solutions adéquates à l’ensemble de la région » a expliqué Kjell Magne Bondevik. « Si nous voulons que la Corne soutienne la population plutôt que d’en faire des victimes, j’en appelle à votre soutien au nom de ceux qui survivent à l’un des environnements les plus rudes au monde. Dans le cas contraire, cet échec nous hantera. »
le fléau de la pauvreté
Dans la Corne de l’Afrique, plus de 70 millions de personnes – 45 pour cent de la population totale – vivent dans la pire pauvreté et doivent faire face à des pénuries alimentaires. Au cours des six dernières années, quatre grandes sécheresses ont touché la région.
Si nous voulons éliminer ce fléau dans la Corne de l’Afrique, nous devons protéger et reconstruire les moyens de subsistance des personnes vivant dans l’insécurité alimentaire (...)Tesfai Tecle, Directeur-Général adjoint de la FAO
Les consultations intergouvernementales, soutenues par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM), ont débouché sur une feuille de route proposant des interventions prioritaires à grande échelle dans les six pays. Des discussions nationales depuis janvier ont produit une liste de près de 170 projets couronnés de succès. Ils vont constituer une gamme d’interventions qui pourraient être étendues et élargies pour lutter contre la faim.
« Si nous voulons éliminer ce fléau dans la Corne de l’Afrique, nous devons protéger et reconstruire les moyens de subsistance des personnes vivant dans l’insécurité alimentaire, et nous devons améliorer leur résilience à des chocs tels que les sécheresses. C’est ce que nous espérons effectuer dans le cadre de ce partenariat » a précisé Tesfai Tecle, Directeur-Général adjoint de la FAO.
« Pour briser le cycle de la faim dans la Corne de l’Afrique, tous les acteurs doivent unir leurs efforts : les gouvernements locaux, les agences de l’ONU, les ONG et les donateurs » a souligné Paul Gulleik Larsen, Directeur du Bureau de la Directrice exécutive du PAM. « Le premier Objectif du Millénaire pour le Développement, qui consiste à réduire de moitié la faim, reste à portée de main malgré les difficultés. Le fait que six pays se soient réunis pour cette consultation montre un engagement politique encourageant. »
les priorités
Six volets prioritaires de partenariat pour la sécurité alimentaire dans la Corne de l’Afrique ont été identifiés :
• Alliances élargie pour aider les millions d’éleveurs et de fermiers nomades ;
• Défi environnemental : combattre la dégradation des terres et la désertification ;
• Rôle des femmes en tant que force principale de la transformation rurale ;
• Diversification des activités génératrices de revenus pour les personnes touchées par l’insécurité alimentaire ;
• Gestion des risques et intervention rapide en situation de crise ;
• Renforcement institutionnel et développement des compétences au niveau communautaire.
Les 170 meilleurs projets proposés dans les six pays portent notamment sur la plantation d’arbres, la réhabilitation des terres, des services vétérinaires pour les éleveurs nomades touchés par les sécheresses, des services de conseils agricoles pour les fermiers, l’apiculture, la production de produits laitiers, des pêcheries, des micro-entreprises, l’éco-tourisme, le forage de puits d’eau, la création de systèmes d’irrigations et la culture de potagers.