Les violences à l'est du Congo menacent les opérations du PAM
La crise est bien réelle et s’empire.
Les réserves de vivres du PAM s’épuisent rapidement et le manque de financements ne fait qu’aggraver la situation. “La crise est bien réelle et s’empire”, a déclaré Claude Jibidar, représentant du PAM en RDC. “Les combats déplacent de plus en plus de personnes, ce qui rend la distribution d’aide alimentaire d’urgence d’autant plus difficile pour le PAM. Nous avons besoin d’au moins 12 millions de dollars pour acheter des vivres dans la région et les acheminer rapidement.”
Les nouveaux arrivés dans les camps de déplacés près de Goma, à l’est de la RDC, sont enregistrés pour recevoir des rations alimentaires d’urgence. Selon les estimations, 40 000 personnes ont fui les violences récentes, et viennent s’ajouter aux 200 000 personnes déplacées dans la région depuis le mois de décembre.
Des milliers de personnes se sont approchées de Goma, suite aux violences dans la ville de Sake qui ont fait fuir des familles entières. La plupart d’entre elles n’ont pas eu le temps d’emporter leurs affaires ou de la nourriture avant de prendre la fuite.
Les combats entravent l’accès humanitaire et les distributions de vivres dans les zones situées au-delà de Goma. Les routes ne sont pas sécurisées et, mercredi dernier, un hélicoptère des Nations Unies qui transportait des vivres du PAM dans la région de Masisi a dû rebrousser chemin à cause du conflit. Masisi a été le lieu de violents combats qui ont contraint plusieurs milliers de personnes à fuir. L’hélicoptère de la mission de l’ONU en RDC, la MONUC, était chargé de farine de maïs, de pois, d’huile de cuisine, de mélange soja-maïs et de sucre du PAM destinés aux enfants malnutris, à leur mère et aux victimes blessées lors des combats dans un centre de nutrition hospitalier.
De récentes évaluations nutritionnelles menées par les partenaires du PAM dans les régions les plus touchées, y compris celle de Masisi, ont révélé une augmentation préoccupante de la malnutrition avec des taux de malnutrition aiguë atteignant dans certains cas 17% (au dessus du seuil d’urgence).
La plupart des déplacés ont perdu au moins une récolte et dépendent aujourd’hui presque entièrement de l’aide du PAM.
“Le PAM a agi rapidement pour apporter une aide vitale aux civils victimes des combats”, a déclaré Claude Jibidar. “Nos réserves de vivres à l’est commencent à se tarir de façon inquiétante alors que cette opération reste une priorité absolue. Les habitants de la région du Nord-Kivu ont déjà beaucoup trop souffert.”
L’insécurité croissante a restreint les déplacements du personnel du PAM qui doit se concentrer sur les régions qui lui sont accessibles, en particulier les camps de déplacés autour de la ville de Goma.
Dans le camp de Mugungu, près de Goma, le PAM enregistre les nouveaux arrivants en collaboration avec ses partenaires Solidarités et CARITAS. Dans les prochains jours, le PAM distribuera des rations hebdomadaires d’urgence aux nouveaux arrivants.
Au cours des dernières années, les besoins dans l’est de la RDC ont triplé. Par conséquent, le PAM est aujourd’hui contraint de ne fournir que des demi-rations aux 334 000 déplacés qui nécessitent une aide alimentaire dans l’est du pays. Cette région a été déchirée par les conflits opposant les forces du gouvernement, les milices et les groupes rebelles. Même après avoir organisé des prêts auprès des bureaux du PAM dans les pays voisins afin de pallier à la forte augmentation du nombre de déplacés, l’opération en RDC fait toujours face à un manque de vivres.
Le PAM a besoin de 12 millions de dollars supplémentaires de manière urgente pour acheter des vivres dans la région immédiatement et pour faire de nouveaux emprunts aux opérations du PAM dans les régions voisines. Cette somme lui permettra de fournir des rations complètes à ceux qui en ont besoin, particulièrement à l’est du pays, avant la fin de l’année.
Les donateurs du PAM pour l’opération d’un montant de 231 millions de dollars en RDC sont : les États-Unis (39 millions de dollars), la Commission Européenne (11 millions de dollars), la France (4 millions de dollars), la Belgique (4 millions de dollars), le Fonds central d’intervention d’urgence des nations Unies – CERF (3.4 millions de dollars), le fonds multilatéral (2.1 million de dollars), la Suisse (835 000 dollars), la Finlande (432 000 dollars), la Pologne (200 000 dollars), le Luxembourg (137 000 dollars), les donateurs privés (125 000 dollars).