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Les actes de pirateries menacent l'aide humanitaire en Somalie: une action coordonnée est nécessaire- OMI, PAM

LONDRES - Les directeurs de deux agences des Nations Unies ont lancé un appel commun, aujourd’hui, en faveur d’une action internationale concertée et coordonnée afin de résoudre le problème de piraterie et d’attaques armées dirigées contre les navires au large de la Somalie. Ces attaques menacent les transports commerciaux, la pêche ainsi que l’acheminement de l’aide alimentaire nécessaire aux centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants en Somalie.

Menace

Efthimios E. Mitropoulos, Secrétaire Général de l’Organisation Maritime Internationale (OMI), et Josette Sheeran, Directrice exécutive du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM), ont fait savoir que les actes de piraterie au large de la Somalie menacent les couloirs maritimes de la région et fragilisent la chaîne d’approvisionnement de l’aide humanitaire aux Somaliens dont la vie a été ravagée par 15 ans de guerre civile, d’instabilité politique et de catastrophes naturelles récurrentes.

Le mois dernier à Londres, le Conseil de l’OMI a partagé les inquiétudes du Secrétaire Général et a accepté sa proposition d’inciter la communauté internationale à agir davantage pour lutter contre la piraterie dans la région, qui touche principalement les navires transportant l’aide humanitaire en Somalie.

Le Conseil de l’OMI a autorisé M. Mitropoulos à demander à Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies, de porter le problème de la piraterie en Somalie devant le Conseil de Sécurité de l’ONU afin que celui-ci demande à son tour au Gouvernement fédéral de transition en Somalie de prendre les initiatives appropriées.

Des défis logistiques et sécuritaires

Une action envisageable serait de permettre aux navires – tel que défini par l’Article 107 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer – d’entrer dans les eaux territoriales somaliennes en cas de menace de mort par les pirates.

L’approvisionnement de la Somalie, tant en biens commerciaux qu’en aide alimentaire, a toujours représentés un défi logistique et sécuritaire depuis la chute du dernier gouvernement national en 1991.

Les barrages routiers contrôlés par les milices à travers le pays ont entravés les livraisons par la route.

Le transport maritime

Le transport maritime devrait en principe être plus sûr et moins coûteux, mais les attaques de plus en plus fréquentes ont fait augmenter les prix et diminuer l’utilisation des bateaux, notamment pour les transports d’aide entre la Somalie et les autres ports Africains, comme au Kenya.

« Près de 80 % de l’aide du PAM en Somalie est expédiée par la mer, mais à cause de la piraterie, moins de la moitié des équipages acceptent de prendre la mer pour livrer de la nourriture » a expliqué Josette Sheeran, Directrice exécutive du PAM.

« Les pirates sont à l’honneur au cinéma en ce moment, mais pour une personne bloquée dans un camp de déplacés en Somalie et dont la survie dépend de l’aide alimentaire, les pirates n’ont pas l’air si romantique. Il faut faire beaucoup plus pour résoudre ce problème et le PAM se sent vraiment encouragé par le travail récent de l’OMI. »

Les attaques

Jusqu’à présent, 15 attaques ont eu lieu depuis le début de l’année au large de la Somalie, une des mers les plus risquées au monde.

Deux de ses attaques ont impliqué des navires affrétés par le PAM et un garde a même été tué. En 2006, il y avait eu 10 attaques.

Les conséquences des actes de pirateries et d’attaques armées dans cette région sont très préoccupantesEfthimios E. Mitropoulos, Secrétaire Général de l’OMI

Les conflits et la faim

Le PAM a pour mission d’apporter de l’aide alimentaire à un million de Somaliens cette année, alors que le pays est à nouveau plongé dans une violente guerre civile.

Les prévisions pour les récoltes dans le sud et le centre du pays, déjà très largement touchés par la malnutrition, sont mauvaises, ce qui laisse présager des pénuries alimentaires et des prix à la hausse. Ces deux problèmes pourraient être évités en garantissant une chaîne d’approvisionnement continue et sûre.

« Les conséquences des actes de pirateries et d’attaques armées dans cette région sont très préoccupantes » a déclaré le Secrétaire Général de l’OMI, Mitropoulos.

« Outre les autres initiatives prises par l’OMI pour résoudre rapidement ce problème, je pense qu’adresser cette question au Conseil de Sécurité grâce M. Ban améliorera considérablement la situation. D’autant plus si l’aide et le soutien aux bateaux sont améliorés et si les administrations et l’industrie maritime appliquent efficacement les recommandations de l’OMI et suivent les informations publiées régulièrement par les centres d’opérations navales. »

Demande du conseil de sécurité

Une nouvelle demande du Conseil de Sécurité de l’ONU s’inscrirait dans la lignée de la Déclaration de son Président le 15 mars 2006, publiée après l’adoption de la résolution A.979(24) par l’Assemblée de l’OMI.

La Déclaration du Président de 2006 encourageait les États membres de l’ONU disposant de navires et d’avions militaires dans les eaux et l’espace aérien international près de la Somalie à veiller à tout acte de piraterie et à prendre les mesures nécessaires pour protéger les navires commerciaux (transportant entre autre de l’aide humanitaire) contre les pirates, tel que prévu par la loi internationale.

Réduction des actes de piraterie

En conséquence, une importante réduction des actes de piraterie et des attaques armées au large de la Somalie a été constatée, principalement due à l’aide maritime internationale dans la région, rendue possible grâce aux rapports entre l’OMI, le PAM et les centres d’opérations navales concernés.

Toutefois, suite aux nouvelles attaques de ces derniers mois, l’OMI a dû prendre de nombreuses initiatives, en intensifiant par exemple son mécanisme de coordination avec le PAM et les marines présentes dans l’Océan Indien dans le but de suivre et d’apporter si nécessaire une aide accrue aux navires commerciaux.

Une situation inquiétante

L’OMI a également publié récemment une circulaire du Comité de la sécurité maritime (MSC.1/Circ.1233) sur la situation inquiétante au large de la Somalie pour les intérêts maritimes et invitant les gouvernements et les organisations concernées à mettre en place les recommandations de l’OMI en faveur des administrations, des industries et des équipages.

En outre, dans le cadre du Processus consultatif officieux ouvert à tous sur les océans et le droit de la mer, l’OMI a demandé l’insertion, dans la résolution de l’Assemblée Générale appropriée de cette année, d’un nouvel appel pour que les structures concernées poursuivent leur coopération dans la lutte contre les actes de pirateries et les attaques armées et continuent de négocier pour la libération des navires et des personnes tenus en otage après de tels actes.

Une approche solide

« Nous aimerions voir une approche véritablement coordonnée et solide contre le problème de la piraterie, de la part du Gouvernement fédéral de transition en Somalie, des pays voisins qui en ont le pouvoir et de l’Union Africaine » a déclaré Mme Sheeran.

« Le PAM est reconnaissant envers les forces navales de différents pays présentes au large de la Somalie. Elles ont été très utiles par le passé et offrent un vrai pouvoir de dissuasion contre les pirates. Mais nous devons trouver comment ces ressources peuvent être exploitées plus efficacement afin de protéger les navires et ainsi permettre l’acheminement maritime de l’aide humanitaire. »