Le Tsunami relègue au second plan l'aide en Afrique
Le Tsunami relègue au second plan l'aide en Afrique
Rome, 12-02-05 (Communiqué de presse) - Alors que 22 millions de personnes manquent désespérément de nourriture en Afrique, le PAM a aujourd’hui appelé le monde à réagir à la faim qui sévit sur le continent avec le dévouement et la compassion dont il a récemment fait preuve à l’égard des rescapés du tsunami dans l’océan Indien.
Les dons pour les opérations du PAM en Afrique ont chuté de 21 % en janvier 2005, pour se situer à 24 millions de dollars des États-Unis, contre 29 millions de dollars au premier mois de l’année 2004.
Dans l’ensemble, les contributions aux activités du PAM en Afrique ont représenté tout juste huit pour cent du total reçu par l’institution, contre 20 % en janvier 2004.
« En réagissant avec autant de vigueur au tsunami, le monde a admirablement montré combien il se souciait du sort de millions de personnes confrontées à d’indicibles souffrances », a déclaré le Directeur exécutif du PAM, James Morris.
« Le défi est maintenant d’éviter qu’un ‘effet tsunami’ se propage en Afrique, en retranchant des fonds des opérations qui sont menées sur le continent et faisant des victimes soudanaises, angolaises et libériennes.
Je suis convaincu que ceux qui ont manifesté leur générosité envers les victimes du tsunami veilleront à ne pas léser les personnes qui souffrent de la faim en Afrique, si loin qu’elles soient du feu des projecteurs », a ajouté M. Morris.
Les 24 millions de dollars versés au PAM en janvier étaient destinés à financer les opérations engagées pour nourrir 22 millions de personnes dans la détresse dans 22 pays, dont le Lesotho et l’Angola dans le sud, la République démocratique du Congo en Afrique centrale, l’Érythrée dans le nord-est, et le Libéria et la Côte d’Ivoire, ravagés par la guerre, dans l’ouest.
Pour 2005, les donateurs aux opérations en Afrique sont notamment les États-Unis – qui ont versé plus de la moitié des contributions reçues à ce jour – la Norvège, le Canada, le Luxembourg, la France, l’Irlande et l’Italie.
Malgré une progression bienvenue de 80 millions de dollars début février, les dons pour l’Afrique représentent à peine cinq pour cent du 1,9 milliard de dollars dont le PAM a besoin pour venir en aide, en 2005, aux personnes les plus vulnérables et à celles qui ont faim.
Les besoins alimentaires en Afrique constituent les deux tiers du total des ressources requises par le PAM.
Le contraste est criant avec l’appel pour 977 millions de dollars que les Nations Unies ont lancé en janvier en faveur des victimes du tsunami, et qui est presque totalement couvert.
Le coût de l’assistance aux rescapés du tsunami est évalué, dans l’appel conjoint des Nations Unies, à 1,07 dollar par personne et par jour en 2005. Le coût de l’assistance en Afrique n’est que de 16 cents par personne.
Après le tsunami du 26 décembre, le PAM avait lancé un appel en faveur de jusqu’à deux millions de personnes, à raison de 0,51 dollar par personne et par jour. Cet appel a été entièrement financé.
Tandis que le tsunami et l’afflux d’assistance internationale retenaient toute l’attention du monde, le gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan signaient, le 9 janvier, un accord mettant fin à la guerre civile la plus ancienne d’Afrique.
Les deux parties au conflit ont prévenu que la paix pourrait ne pas être durable si la communauté internationale n’apportait pas son aide.
Si les donateurs ont investi des milliards de dollars dans l’assistance au Soudan au cours des trois dernières décennies, en revanche le financement de l’opération d’urgence que le PAM a entreprise pour aider les gens à retourner chez eux et à reconstruire leur destin n’atteint, paradoxalement, que sept pour cent des montants requis. Le déficit – massif – est de 279 millions de dollars.
Les rations alimentaires destinées aux Soudanais et autres réfugiés en Éthiopie ont été réduites de 30 % en raison du manque de financement.
En outre, dans cinq pays d’Afrique australe, 5,6 millions de personnes sont aux prises, tout à la fois, avec le VIH/sida, l’insécurité alimentaire et une capacité, de plus en plus réduite, à produire de quoi se nourrir. Le PAM a reçu, jusqu’à présent, moins de 10 % des contributions nécessaires pour les aider à survivre jusqu’en 2007.
Le PAM a été contraint, au second semestre 2004, de diminuer les rations alimentaires de plus de 2,8 millions de personnes en Afrique australe à cause d’une pénurie de fonds. Nombre de ces bénéficiaires vivent avec le VIH/Sida et beaucoup sont des enfants – qui sont particulièrement vulnérables et sur lesquels la malnutrition peut avoir des conséquences irréversibles.
À mesure que la stabilité revient en Afrique de l’Ouest, il est urgent de rebâtir les communautés et d’assurer la paix après plus d’une décennie de guerre. L’opération du PAM au Libéria pâtit d’importants manques à recevoir et l’institution a dû, à partir de juin 2004, réduire les rations de centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées.
Beaucoup voudraient retourner chez eux mais, leurs maisons et leurs fermes ayant été détruites pendant la guerre, ils auront besoin d’une aide alimentaire pour subsister jusqu’à ce qu’ils puissent produire de quoi se nourrir.
L’élan de soutien aux victimes du tsunami a été sans précédent. Il a été le fait, en particulier, de nombreux donateurs privés qui, traditionnellement, ne réagissent pas de façon aussi rapide et généreuse aux crises humanitaires.
De plus, les gouvernements du monde entier, dont certains de ceux qui reçoivent une aide au développement, comme Timor-Leste et le Népal, ont promptement offert une assistance.
« Chaque enfant, où qu’il vive, est en droit d’attendre les mêmes soins et la même attention, a déclaré M. Morris. Qu’ils se trouvent au Sri Lanka ou en Indonésie, en Ouganda ou en Éthiopie, les enfants ont d’urgence besoin de notre aide.
J’espère au plus profond de moi que l’ampleur du soutien apporté à l’Asie est de bon augure pour ceux qui sont dans le besoin en Afrique. »