Le PAM forcé de diminuer les rations des réfugiés au Kenya
Rations réduites de 20%
Le manque de financement nous a laissé peu de choixTesema Negash, Directeur du PAM au Kenya
Cette diminution de 20% intervient alors que le PAM tente avec difficulté de trouver les 170 millions de dollars nécessaires au financement de son opération d’aide aux 3,5 millions de Kenyans, victimes d’une grave sécheresse (cette opération connaît un déficit de financement de 75%).
« Le manque de financement nous a laissé peu de choix. A partir de cette semaine, les réfugiés recevront une ration alimentaire de 1 750 calories par jour, ce qui représente une baisse de 20 % de leurs apports caloriques quotidiens. Ce rationnement devrait nous permettre de faire durer nos provisions quelques mois de plus » a déclaré Tesema Negash, Directeur du PAM au Kenya.
D’autres ruptures dès la fin du mois
A défaut de nouveaux dons, le PAM viendra à manquer de légumineuses ce mois-ci, puis de céréales et d’huile végétale à partir du mois de mai et de mélange maïs-soja en juin. Le bureau du PAM au Kenya a besoin de 5 millions de dollars pour pouvoir continuer à distribuer des rations substantielles aux réfugiés jusqu’au mois de juillet et de 14 millions de dollars supplémentaires pour tenir jusqu’à la fin de l’année.
« Les donateurs sont énormément sollicités avec cette surenchère des urgences à travers une grande partie de la Corne de l’Afrique en raison de la sécheresse qui touche toute la région. Mais si le rationnement des réfugiés continue, nous risquons non seulement de voir s’accroître l’insécurité à l’intérieur et autour des camps - la rareté des ressources provoquant des disputes - mais également une augmentation des taux de malnutrition– pourtant déjà intolérablement élevés » prévient Tesema Negash.
« Cette décision est difficile à prendre mais nous espérons qu’elle ne sera que temporaire. Nous continuerons à lancer des appels à la communauté internationale pour qu’elle vienne en aide à ces réfugiés abandonnés de tous et qui dépendent entièrement de nous pour leur survie ».
Conditions très difficiles
Si le rationnement des réfugiés continue, nous risquons non seulement de voir s’accroître l’insécurité à l’intérieur et autour des camps (...) mais également une augmentation des taux de malnutrition– pourtant déjà intolérablement élevésTesema Negash, Directeur du PAM au Kenya
Si la situation politique au Soudan et en Somalie a quelque peu progressé, le rapatriement à grande échelle des réfugiés vers leur pays d’origine reste encore à envisager. Confinés dans les camps de Dadaab et de Kakuma, les réfugiés n’ont pas l’autorisation de travailler et l’environnement reculé et hostile des camps signifie qu’ils n’ont que peu de moyens pour subvenir à leurs besoins. La pauvreté et la malnutrition chroniques sont endémiques. Malgré l’aide alimentaire que reçoivent régulièrement les réfugiés, les taux de malnutrition aiguë se situent au-delà du seuil critique de 15% : 19,6% à Kakuma et 17,5% à Dadaab. Une enquête récente menée par le PAM et le HCR dans les camps a montré que les mauvaises conditions d’hygiène et de soins, les conditions environnementales extrêmes, les services de santé limités et les maladies étaient les principaux facteurs responsables du mauvais état nutritionnel. En outre, les réfugiés vendent ou échangent parfois une petite partie de leurs rations pour obtenir des articles de première nécessité tel que du savon, du bois de chauffage ou d’autres denrées de base.
Programmes d’alimentation scolaire
Ces rationnements n’auront pas d‘impact sur le programme d’alimentation scolaire du PAM ou sur les programmes d’alimentation complémentaire dans les camps, ces derniers devant être tout particulièrement renforcés.
Les donateurs
Les pays suivants ont récemment contribué aux opérations du PAM pour venir en aide aux réfugiés au Kenya : les Etats-Unis (11,4 millions de dollars), la France (362 000 dollars), la Malaisie (270 000 dollars), et la Finlande (162 000 dollars).