Le Directeur du PAM: Lutter contre la faim est essentiel pour assurer la paix et la prospérité
Aujourd’hui et à l’avenir, 18 000 enfants vont mourir de faim et de ses conséquences, soit un toutes les cinq secondes.» a rappelé M. Morris. « Le nombre de personnes qui ont faim, évalué aujourd’hui à 852 millions dans le monde entier, Nous ne devrions même pas supporter qu’un seul enfant meure de faim et de malnutritionJames T. Morris, Directeur Exécutif du PAM
augmente de quelque quatre millions par an. Malgré les contributions généreuses de nos donateurs, dont les États-Unis en premier lieu, les ressources financières dont nous disposons pour lutter contre la faim ne nous permettent même pas de suivre ce rythme, encore moins de gagner cette guerre. »
« En cette période de prospérité, il ne s’agit pas seulement d’une insulte à notre conscience, mais d’une situation insoutenable que nous choisissons d’ignorer, à nos risques et périls » a-t-il ajouté. « Nous ne devrions même pas supporter qu’un seul enfant meure de faim et de malnutrition. »
Rôle de l'aide alimentaire
M. Morris, qui s’adressait à la Sous Commission des Finances sur l’Agriculture du Sénat, présidée par le sénateur Herb Kohl (Wisconsin), quittera en avril sa charge de directeur de la plus grande organisation humanitaire et d’aide alimentaire du monde. Avec lui se trouvaient deux anciens réfugiés : Daniel Kuot, du Soudan et Abass Mohammed, de Somalie, qui ont apporté leur témoignage sur la vie dans les camps de réfugiés et le rôle indispensable de l’aide alimentaire là-bas.
M. Morris a décrit son mandat comme un des défis sans précédent pour le PAM, allant des grandes catastrophes comme le tsunami de décembre 2004 dans le Sud-Est asiatique aux violences dont le Darfour a été le théâtre. Il a également souligné les conséquences dramatiques des dérèglements du climat et du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire, ainsi que de la forte inflation des prix des matières premières et du transport pendant cette période.
Conséquences sur l'avenir
Non seulement la faim tue, a-t-il insisté, mais elle annihile aussi la force et la productivité des individus, surtout des enfants qui souffrent de malnutrition sévère les premières années de leur vie. Elle n’a pas seulement des conséquences C’est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour l’avenir des pays les plus pauvres, et pour chacun d’entre nous.James T. Morris
sur leur propre développement physique et intellectuel, mais elle affecte aussi à long terme l’avenir du pays. M. Morris s’est appuyé sur des nouvelles études effectuées récemment dans sept pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui mettent en exergue des pertes économiques qui s’élèvent au total à 6,6 milliards de dollars pour la seule année 2004, soit environ six pour cent du PIB.
Par ailleurs, M. Morris a affirmé qu’investir dans une nutrition appropriée aux plus jeunes enfants et à leurs mères permettrait de briser le cercle de « l’héritage de la faim » qui freine le développement économique des pays pauvres. « C’est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour l’avenir des pays les plus pauvres, et pour chacun d’entre nous. »
Témoignages
Le récit des anciens réfugiés, comme celui de M. Mohammed, qui est aujourd’hui à l’Université de Princeton, et celui de Kuot, un ancien “garçon perdu” du Soudan qui est actuellement à l’Université Truman de Chicago, sont deux exemples parlants de l’impact de l’alimentation et de la nutrition sur les capacités d’un enfant. « Ce sont des témoignages éloquents sur le fait qu’une intervention alimentaire présente au bon moment peut non seulement sauver une vie, mais également l’orienter dans une nouvelle direction » a exposé M. Morris. « Essayez d’imaginer comment serait notre monde, si chaque enfant avait cette possibilité. »
Les Etats Unis
M. Morris a indiqué que les États-Unis, qui sont le plus important donateur du PAM, pourraient montrer le chemin au monde, en investissant de cette manière, ce qui contribuerait à renverser la tendance négative actuelle, responsable de l’augmentation continue du nombre de pauvres qui ont faim. « Le président Eisenhower, a assuré que l’on pouvait changer le monde avec du blé et non avec des armes. Je le crois également. Eisenhower a mis en place le programme « Des vivres pour la paix », qui s’est révélé être le plus grand outil humanitaire que le monde ait connu, en sauvant des millions de vies. »
M. Morris a reconnu que le gouvernement américain était « un allié inestimable dans la lutte contre la faim » au Soudan, en Somalie, en Afghanistan ou encore en Éthiopie. Il a rappelé qu’en mars, le gouvernement américain avait financé l’action du PAM à hauteur de 71 millions de dollars, atteignant un chiffre record de 1,51 milliards de dollars pour l’aide consacrée aux opérations alimentaires au Soudan ces cinq dernières années. « Il nous suffit d’observer le Darfour : sans le soutien des États-Unis, nous ne savons pas comment nous aurions pu nourrir ces personnes qui souffrent tant de la faim dans l’une des régions opérationnelles les plus dures au monde. »