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La malnutrition persiste en Mauritanie en dépit de l’aide alimentaire et de bonnes pluies

Les distributions d’aide alimentaire améliorent les conditions de vie de milliers de personnes un peu partout en Mauritanie, et pourtant le PAM a dû demander aujourd’hui l’aide accrue de la communauté internationale pour agir face à l’augmentation alarmante des taux de malnutrition, notamment dans le sud et le sud-est du pays.

La saison des pluies a fait reverdir les prairies de ce pays d’Afrique de l’Ouest, et les paysans de la région devraient bientôt pouvoir récolter leurs champs. Pour beaucoup, l’horizon immédiat s’éclaircit donc un peu.

Préoccupé

Reste que le PAM est de plus en plus préoccupé par les taux de malnutrition enregistrés parmi les enfants, surtout dans les zones géographiques où il n’intervient pas actuellement.

"Les nouvelles en provenance des zones touchées indiquent que, là où nous faisons des distributions et où les pluies ont été abondantes, la sécurité alimentaire s’améliore", a expliqué Sory Ouane, administrateur du PAM pour la Mauritanie.

"Mais il est tout aussi clair que notre combat contre la malnutrition est loin d’être terminé. Nous avons l’intention d’élargir notre opération à d'autres zones durement touchées, où notre aide sera centrée sur les enfants les plus fragilisés."

Les criquets

La Mauritanie a été frappée de plein fouet par les invasions massives de criquets pélerins de l’an dernier et par les ravages d'une série d'épisodes de sécheresse. La production de cérérales de 2004 a été de 36% inférieure à la moyenne des cinq dernières années.

Aujourd’hui, les prix pratiqués sur les marchés sont élevés et bien souvent hors de portée des plus pauvres, dont l’existence déjà précaire se trouve de ce fait sérieusement menacée.

Distribué

Dans le cadre de son opération d’assistance en cours, le PAM-Mauritanie a déjà distribué près de 20 000 tonnes de nourriture d'une valeur de 11,4 millions de dollars à quelque 400 000 personnes lors de ses diverses interventions - dont des distributions gratuites - toutes ciblées sur les plus vulnérables.

C’est ainsi que 16 000 enfants et leurs mères sont pris en charge dans plus de 200 centres d'alimentation complémentaire.

Poches de malnutrition

Bien que ces distributions aient amélioré la consommation alimentaire des ménages, les évaluations conduites par le PAM, l’UNICEF et MSF-Belgique confirment la persistance de poches de malnutrition, principalement dans les régions de Guidimaka au sud et de Hodh et Charghi dans le sud-est.

Celle du PAM, en septembre, revèle que le taux global de malnutrition grave parmi les moins de cinq ans atteint 17,1% dans le sud-est.

Dans plusieurs cas, le PAM a déjà pris des mesures pour apporter son aide sous forme de distributions alimentaires, mais il doit également intervenir de manière plus spécifique et ciblée.

La "période de soudure"

Les causes de cette malnutrition grave sont complexes.

Dans la région sud, on va actuellement vers la fin de la "période de soudure" annuelle, époque à laquelle les stocks sont bas et où, dans l’attente des prochaines récoltes, les paysans sont particulièrement vulnérables.

De plus, l’accès à l’eau potable et à l’hygiène est limité dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète. La nourriture donnée aux bébés est souvent inadaptée, mal préparée et peu variée.

L'arrivée des pluies augmente les risques de maladies graves - paludisme, choléra et diarrhée. Les soins de santé sont tout aussi limités, et les enfants sont souvent amenés chez le médecin quand leur malnutrition a déjà atteint un stade avancé.

Plus d'aide internationale

"Avec la perspective des récoltes, on va pouvoir respirer un peu, mais la Mauritanie a besoin de beaucoup plus d'aide internationale pour s'attaquer au problème de la malnutrition dans l'immédiat et sur le long terme. Plus nos partenaires peuvent travailler ici sur le terrain et plus l'impact de notre action sera fort", a conclu M. Ouane.

Le PAM n’a reçu que 17,7 des 31 millions de dollars qu’il demandait dans son appel en faveur de ses opérations de secours de 2006-2007 en Mauritanie, soit 13,3 millions de dollars (ou 43%) de moins de prévu. .