Inégalités de genre : les agences alimentaires de l'ONU intensifient leurs efforts conjoints en milieu rural
8 mai 2019, Rome - Trois agences des Nations Unies ont lancé hier une nouvelle initiative mondiale soutenue par l'Union européenne afin de s'attaquer aux causes profondes des inégalités entre les sexes en milieu rural. L’objectif est ainsi de renforcer les efforts visant à éliminer la faim, à assurer la sécurité alimentaire et une meilleure nutrition et à promouvoir une agriculture durable.
L'UE allouera 5 millions d'euros pour financer le programme de quatre ans de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM). Un programme qui vise à entrainer des changements permettant d’autonomiser les femmes et les hommes, les garçons et les filles des ménages, des communautés et des institutions dans les zones rurales et au-delà.
Ce programme conjoint est conçu pour aller au-delà du traitement des symptômes des inégalités et de la discrimination fondées sur le sexe, tels que l'inégalité d'accès aux ressources et aux avantages. Son objectif est en effet de s'attaquer aux causes sous-jacentes, enracinées dans les normes et comportements discriminatoires et les relations de pouvoir inégalitaires.
L'UE et les trois agences des Nations unies partagent le point de vue selon lequel l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes sont deux facteurs essentiels à la sécurité alimentaire et la nutrition.
« Bien que de nombreuses approches conventionnelles permettant de combler les écarts entre les sexes dans l'agriculture continuent d'être parfaitement pertinentes, nous devons faire preuve de plus de créativité et d'audace dans nos actions », a déclaré Daniel Gustafson, Directeur général adjoint des programmes de la FAO. « En promouvant un changement en matière de genre, nous pouvons ouvrir la voie à l'égalité entre les sexes au sein des ménages et des communautés rurales, dans les organisations rurales, parmi les prestataires de services et autres acteurs de la chaîne de valeur, et enfin dans les processus politiques ».
« Le FIDA a une longue expérience en matière de développement communautaire et d'intégration des questions de genre, de la jeunesse et des peuples autochtones dans ses investissements, ciblant les populations les plus pauvres et les plus marginalisées du monde », a déclaré Sara Mbago-Bhunu, Directrice de la Division Afrique orientale et australe, FIDA. « Cet appel à une action conjointe améliorera les synergies et l'efficacité, permettant à toutes les agences de partager des approches novatrices en matière de genre, qui seront essentielles pour stimuler les économies et éradiquer la pauvreté et la faim ».
« Il est possible, nécessaire et efficace d'adopter des approches transformatrices dans tous les contextes (humanitaire, développement, urbain, rural, conflit ou paix) pour parvenir à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à une agriculture durable », a déclaré Manoj Juneja, Directeur exécutif adjoint du PAM. « Là où nous offrons aux femmes et aux hommes la possibilité de recevoir une aide équitable, d'accéder aux connaissances et aux ressources et de participer à la prise de décisions, nous parviendrons à éliminer la faim ».
« L'UE a entamé son chemin vers la transformation des questions de genre dans le secteur rural lors d'un événement conjoint UE-ONU de haut niveau à Rome en 2016 », a déclaré l'ambassadeur de l'UE Jan Tombinski. « Depuis lors, l'UE a travaillé dur pour promouvoir l’égalité de genre en renversant les normes structurelles discriminatoires qui portent atteintes aux femmes et aux filles. L'UE a toujours considéré les agences basées à Rome comme des partenaires idéaux pour faire avancer ce programme ».
L'égalité des sexes est essentielle à la sécurité alimentaire et à la nutrition
L'écart entre les sexes qui en résulte impose des coûts élevés à la société. Dans un rapport novateur publié en 2011, la FAO a estimé que la réduction de l'écart entre les sexes dans l'agriculture pourrait accroître de 20% à 30% les rendements des exploitations agricoles gérées par des femmes. Cela entraînerait des gains importants en termes de sécurité alimentaire, de croissance économique et de bien-être social. De nombreuses études ont également montré que lorsque les femmes sont en mesure de gagner leur vie, elles réinvestissent la majorité de leurs revenus dans leur famille - dans la nutrition, l'alimentation, les soins de santé, la scolarité et les activités agricoles. Des investissements cruciaux pour le développement agricole.
Les questions d’égalité entre femmes et hommes sont cruciales pour l'action humanitaire, car les crises ont un impact différent sur la vie des femmes et celle des hommes, des filles et des garçons. Les conséquences des conflits, des catastrophes naturelles et des mauvaises récoltes ne sont pas « neutres du point de vue du genre ». Une analyse récente des données recueillies par le PAM dans 188 pays a révélé que ces chocs réduisent sensiblement l'espérance de vie des femmes, plus que celle des hommes.
En plus de réduire les conséquences les plus extrêmes d'une crise humanitaire, travailler à transformer la vie des femmes et des filles permet de s'attaquer efficacement aux inégalités qui les excluent et les discriminent. Par exemple, fournir une aide alimentaire sous la forme de transferts en espèces donnant aux femmes la possibilité d'accéder aux ressources peut leur garantir un pouvoir de décision et une inclusion financière accrus.
Favoriser la collaboration inter institutions en matière d'égalité des sexes
L'inégalité entre les sexes dans les zones rurales est une question complexe aux multiples facettes, qu'aucune organisation ne peut résoudre seule. Les trois agences des Nations Unies basées à Rome sont bien placées pour développer des méthodologies agricoles innovantes, des programmes humanitaires et de développement, et pour encourager le développement des capacités afin de promouvoir des approches transformatrices de genre.
Une telle approche exige de travailler avec les décideurs de tous les secteurs et, à la fois d’autonomiser les femmes, individuellement et collectivement, mais aussi d’impliquer les hommes, en les faisant alliés du changement. Cela nécessite également d’éliminer les obstacles structurels, politiques, économiques, culturels et sociaux qui accroissent les inégalités et limitent les droits des femmes et leur accès aux ressources et aux biens. Enfin, cette approche implique de promouvoir la participation des femmes à la prise de décision à tous les niveaux de la société.
L'initiative conjointe sur les approches sexospécifiques transformatives a été lancée hier à l'occasion de la réunion de haut niveau « Adopter des approches sexospécifiques transformatives pour accroître l'impact sur l’ODD2 : éliminer la faim, améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition et promouvoir une agriculture durable », organisée conjointement par la FAO, le FIDA, le PAM et l'UE, au siège de la FAO à Rome.
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Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies – sauver des vies dans les situations d’urgence et changer des vies pour des millions de personnes grâce au développement durable. Le PAM travaille dans plus de 80 pays à travers le monde, nourrissant les populations affectées dans des conflits et des catastrophes, et instaurant les bases d’un avenir meilleur.