Hausse des prix alimentaires : Impact à travers le monde
Afrique
• En Afrique de l'Ouest, la hausse des prix des denrées de base affecte le pouvoir d'achat des populations, notamment dans les pays comme la Mauritanie qui dépendent des importations pour se nourrir. Si la hausse des prix se poursuit, la "période de soudure" de l'année 2008 (période qui précède les récoltes où les réserves alimentaires sont au plus bas) pourrait débuter très tôt dans certains foyers.
• En raison de la hausse des prix, le coût d'achat des denrées et les coûts opérationnels du PAM ont augmenté de 30 % par rapport à l'an dernier. Les opérations dans la région nécessiteront 183 millions de dollars supplémentaires.
• Selon les vendeurs du marché de Baïdoa en Somalie, les prix des aliments de base – le sorgho et le riz importé – ont presque doublé entre février et mars derniers en raison de la hausse globale des prix alimentaires et du carburant, de l'insécurité généralisée, d'un shilling somalien faible par rapport au dollar américain et de mauvaises récoltes successives. Les commerçants doivent désormais changer leur prix deux fois par jour, en général pour les augmenter.
• Au Burundi, où la population consacre déjà les trois quarts de ses revenus à l’alimentation, même la cassave moisie est moulue et vendue. Son prix a triplé au cours de ces derniers mois. Désagréable au goût et peu nutritive, il s’agit pourtant de l’une des rares denrées à la portée des Burundais. Pour la plupart d’entre eux, la journée commence avec une simple tasse de thé – non sucrée car ils n’en ont pas les moyens.
• Le 5 avril dernier, le président de la Mauritanie a annoncé un plan d'urgence de 112 millions de dollars pour compenser les effets de la hausse des prix alimentaires. Les objectifs de ce plan sont les suivants : renforcer l'aide alimentaire apportée aux plus démunis, assurer une plus grande disponibilité des denrées de base sur le marché local et dynamiser la production agricole locale. Pour satisfaire ses besoins alimentaires, la Mauritanie dépend des importations à hauteur de 70 %.
• Au Mozambique, où le prix des transports a augmenté de 50 %, des manifestations contre la hausse des prix du carburant ont eu lieu en février dernier. Afin d’y mettre un terme, le gouvernement a accordé aux chauffeurs de minibus privés une réduction sur le prix du gasoil. L’envolée des prix du carburant a un impact direct sur les prix alimentaires qui ont considérablement augmenté. Les populations vivant en milieu urbain sont particulièrement exaspérées par la hausse du prix du pain.
• Au cours de l'année 2007, en Sierra Leone, le prix du riz a augmenté de près de 40 %, celui de l'huile de palme d'environ 50 %, et celui du pain (farine de blé) de 25 %. En janvier 2008, l'Association des fabricants de pain a appelé ses membres à une grève contre la hausse du prix de la farine de blé, qui est fabriquée localement avec du blé importé.
• En Guinée Bissau, le prix du riz importé a augmenté de 25 % par rapport à octobre 2007. Le prix élevé de cet aliment de base deviendra problématique lorsque les réserves de céréales issues des récoltes de 2007 seront épuisées. Selon la dernière étude sur la sécurité alimentaire, 14 % des familles rurales connaissent une insécurité alimentaire modérée à sévère, et ce pourcentage pourrait augmenter à l'approche de la "période de soudure", de juin à octobre.
Moyent-Orient
• Les prix élevés de la nourriture viennent s'ajouter à des prévisions de production alimentaires inquiétantes. Selon un rapport de la FAO de mars dernier, le secteur agricole subira des pertes dues aux températures élevées, aux sécheresses, aux inondations et à la dégradation des sols.
• La hausse des prix affecte les opérations du PAM dans la région, où nous apportons une aide alimentaire à près de 4 millions de personnes, en Iraq, en Syrie, au Yémen, en Egypte et dans les Territoires Palestiniens occupés.
• En Syrie, la flambée des prix alimentaires a des répercussions catastrophiques sur le plan économique et affecte la capacité du gouvernement syrien à mettre en place des réformes. La hausse des prix coïncide avec une baisse de la production de pétrolières, principale source de revenus du pays. Une part croissante de la population dépend donc de l'aide alimentaire et du système de sécurité sociale.
• En Egypte, selon la presse locale, la population se nourrit de denrées de moins en moins nutritives car elle est contrainte de limites sa consommation de viande, de volaille et de fromage. Les Egyptiens réduisent aussi les dépenses liées à l’éducation et à la santé. Plusieurs manifestations contre la hausse des prix ont eu lieu en mars et en avril.
• Afin de faire face à la hausse des prix alimentaires, le gouvernement égyptien a dû augmenter les subventions accordées aux plus démunis, qui sont passées de 20 milliards de livres égyptiennes (4 milliards de dollars US) à 30 milliards de livres égyptiennes (6 milliards de dollars US). Les subventions du pain sont passées de 9 milliards de livres à 15 milliards de livres égyptiennes.
• Le 13 février dernier, le parlement irakien a approuvé son budget pour 2008 et alloué 3,6 milliards de dollars au système de distribution publique afin d'assurer la continuité de l'aide alimentaire apportée aux irakiens. En raison de la hausse des prix des aliments de base, il est difficile de s’assurer que cette contribution suffira à couvrir les besoins pour toute l’année.
• Le PAM a lancé un appel pour récolter 87,5 millions de dollars afin d'apporter une aide alimentaire aux 750,000 déplacés irakiens. Selon une estimation récente, il lui faudra 9 millions de dollars supplémentaires pour faire face à la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant.
• Au Yémen, pays qui importe 75 % de ses denrées alimentaires, la hausse des prix se fait ressentir dans les foyers qui consacrent une grande part de leurs revenus à l’alimentation. Le prix du blé a doublé depuis février. D'autres produits de grande consommation ont également vu leurs prix s'envoler.
• Le gouvernement yéménite tente de stabiliser le marché en encourageant la production de blé local et en construisant davantage de silos pour entreposer les récoltes. La production et/ou l'importation de blé "rouge" est favorisée par rapport à celle du blé "blanc".
Caraïbes et Amérique latine
• En Haïti, les troubles ont commencé lorsque des manifestants ont attaqué des casques bleus début avril à Les Cayes, dans des affrontements qui ont fait plusieurs morts. Le gouvernement haïtien a alors annoncé un plan de 10 millions de dollars destiné à compenser la hausse du coût de la vie.
• A la suite de ces évènements, le PAM a réitéré son appel à la communauté internationale pour un don d'urgence destiné à ses opérations en Haïti, le pays le plus pauvre de l'hémisphère ouest. Les émeutes de la faim en Haïti soulignent les besoins accrus en aide alimentaire vitale. Le PAM n'a reçu jusqu'ici que 13 % (12,4 millions de dollars) des 96 millions de dollars nécessaires pour aider 1,7 millions de personnes en Haïti, c'est-à-dire à peine de quoi financer ses opérations du mois d'avril. Du fait de l’augmentation des coûts, le PAM a récemment revu à la hausse ses besoins de financements de 22%.
• Au Salvador, la population rurale achète désormais 50 % de nourriture de moins qu’il y a 18 mois avec la même somme d’argent. Le régime alimentaire étant déjà pauvre, l'apport nutritionnel s'en trouve diminué de moitié.
• Entre janvier 2007 et janvier 2008, le prix des tortillas a augmenté de 54 % au Nicaragua, et de 17 % au Guatemala.
• L'envolée des prix s'est fait particulièrement ressentir en Amérique centrale, où le prix du maïs, l'aliment de base, a pratiquement doublé. Les haricots, autre denrée de base, ont également atteint des prix records, en raison notamment de conditions climatiques défavorables.
• Face à cette situation, le PAM fait en sorte de d'évaluer l'impact de la hausse des prix sur les plus démunis dans cette région du monde afin d'anticiper les tendances à venir et d'aider les gouvernements locaux à mettre au point des stratégies efficaces pour faire face aux effets de la hausse des prix.
• Selon une étude du Ministère américain de l’Agriculture, l'Amérique latine pourrait faire face à une véritable onde de choc sur le plan alimentaire. Le « food gap » (la quantité de nourriture nécessaire pour que toutes les classes sociales parviennent à un seuil de consommation minimum) pourrait augmenter de 24 % d'ici 2016, contre 8,7 % en Asie et 6 % en Afrique sub-saharienne.
• Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe (ECLAC), si aucune mesure d’urgence n’est prise, 10 millions de personnes supplémentaires risquent de passer sous le seuil de pauvreté dans cette région du monde à cause de l’envolée des prix alimentaires. Asie • Le 3 mars dernier, acheter du riz à Bangkok revenait à 460 dollars la tonne. Cinq semaines plus tard, le prix du riz était passé à 780 dollars la tonne. Au 21 avril, il atteignait 1.200 dollars la tonne. Conséquence : le PAM est désormais contraint de s’approvisionner ailleurs.
• A la fin du mois de janvier, le président de l'Afghanistan, Hamid Karzai, a lancé un appel pour récolter 77 millions de dollars afin de nourrir 2,5 millions de personnes supplémentaires, affamées par la hausse des prix des denrées alimentaires. En mars dernier, le PAM a commencé à distribuer une aide alimentaire aux personnes démunies vivant en milieu urbain.
• Le prix moyen du blé en Afghanistan a augmenté de 67 % depuis le début de l’année 2007. Les populations qui ne travaillent pas dans le secteur agricole consacrent en moyenne 75 % de leurs revenus à l'alimentation.
• Au Tadjikistan, le prix du blé a augmenté de 128 % en un an et celui de la farine de blé de 76 % en moyenne. Le prix de l'huile végétale a augmenté de 126 % sur la même période.
• Selon le gouvernement du Tadjikistan, la survie de près de 2 millions de personnes pourrait dépendre de l'aide alimentaire dans les prochaines semaines. Ce pays a donc lancé un appel à l’aide à la communauté internationale pour satisfaire ses besoins de nourriture et de carburant.
• Au Bangladesh, le prix du riz a augmenté de 25 % à 30 % au cours des trois derniers mois. En 2007, le prix du riz avait déjà connu une augmentation d'environ 70 %. De récentes manifestations ont montré la tension qui règne dans ce pays qui se remet à peine d’inondations et de cyclones.
• Depuis 1996, le Cambodge a une production de riz excédentaire. En 2007, pour profiter des prix élevés sur les marchés internationaux, le riz a été exporté vers les pays voisins en quantité telle que les Cambodgiens – auto-suffisants en temps normal – se retrouvent maintenant face à une pénurie.
• Le PAM pourrait se retrouver dans l'obligation de supprimer l'aide alimentaire distribuée aux écoliers cambodgiens, en raison de la flambée des prix. Les dons réunis jusqu'à présent auraient dû durer jusqu'en août 2008 mais la hausse des prix menace le programme de distribution de petit déjeuners à 450.000 écoliers cambodgiens.
• En Indonésie, la hausse des prix des denrées de base et les manifestations qui les ont suivies ont incité le gouvernement à augmenter son programme de subvention du riz de 50 %. Le gouvernement prévoit de fournir du riz subventionné à environ 80 millions de personnes.
• Selon les estimations du PAM, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a doublé au Népal du fait de l’envolée des prix alimentaires, passant à 8 millions de personnes. Au le premier semestre 2008, les prix des denrées de base comme l’huile végétale, le blé, les lentilles et le riz ont augmenté en moyenne de près de 40 %.
• Avec la récente élection de l’Assemblée, le Népal connaît une transition politique décisive. La hausse des prix du carburant qui vient s’ajouter à l’envolée des prix alimentaires pourraient s’avérer un défi impossible à relever pour le nouveau gouvernement. Selon les estimations de notre bureau népalais, le coût des opérations du PAM dans ce pays en 2008 pourrait augmenter d’au moins 26 %.
• Aux Philippines, qui ont récemment connu des manifestations contre la hausse des prix alimentaires, le PAM a besoin de 19 millions de dollars pour poursuivre ses opérations à Mindanao où plus de un million de personnes pauvres et victimes de conflits bénéficient d’une aide alimentaire vitale. A défaut de financement immédiat, nous serons contraints de restreindre l’aide alimentaire et de réduire les rations distribuées aux populations vulnérables, notamment aux femmes et aux enfants.