Skip to main content

Faim, santé et VIH/SIDA: des facteurs indissociables

ROME – Alors que les communautés se rassemblent à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le SIDA et que les États dressent le bilan du progrès vers les Objectifs du Millénaire pour le Développement, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) appelle à mieux reconnaître le lien fondamental entre la faim et la santé qui se trouve au cœur même de la pandémie du SIDA.

L'alimentation, un des pilliers du traitement du VIH

Les pays donateurs ont déjà investi plusieurs milliards de dollars dans les traitements antirétroviraux et d’autres médicaments pour lutter contre les répercussions croissantes du SIDA sur les pays en développement. Cependant, ils ne perçoivent pas toujours le paradoxe de la situation : les personnes recevant ces traitements vitaux manquent bien souvent de nourriture et d’eau potable. A l’instar d’autres médicaments, les antirétroviraux sont plus efficaces lorsque les patients sont bien nourris. L’aide alimentaire joue un rôle essentiel en garantissant l’efficacité du traitement pour les patients sous alimentés.

«Ignorer les problèmes de la faim et de la malnutrition dans la lutte contre le SIDA est une attitude irresponsable», a déclaré la directrice adjointe du PAM, Sheila Sisulu. «Est-ce normal d’accepter que l’aide médicale ait un effet limité simplement parce que les populations sont trop sous alimentées pour prendre le traitement dont elles ont désespérément besoin et en bénéficier pleinement ?».

Les liens directes entre la faim et les problèmes de santé.

Les liens multiples qui existent entre la faim et les problèmes de santé sont analysés – avec une attention particulière portée à l’épidémie du SIDA – dans un rapport conséquent publié aujourd’hui par le PAM. La Collection : la faim dans le monde 2007 – Faim et santé fait état d’une « faim masquée » qui touche plus de deux milliards de personnes. Même lorsqu’un individu absorbe suffisamment de calories et de protéines, si un seul micronutriment – soit un mélange de vitamines et de sels minéraux – vient à manquer, son système immunitaire est affaibli et une infection peut rapidement se développer.

Les besoins nutritionnels spécifiques des personnes séropositives

Des études ont démontré que les personnes atteintes du SIDA ont des besoins nutritionnels particuliers. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les besoins énergétiques augmentent de 20 % à 30 % pour un adulte atteint du SIDA et de 50 % à 100 % pour un enfant, en raison des répercussions de la maladie sur les voies intestinales qui entraînent une dégradation du processus d’absorption et une perte d’appétit. Des études menées au Rwanda et en Tanzanie indiquent que, souvent, en raison du manque de nourriture, les personnes ne cherchent pas de traitement, car elles ont peur que les médicaments ne stimulent leur appétit et qu’elles ne puissent pas subvenir à leurs nouveaux besoins.

Le rapport du PAM sera présenté à Rome au cours d’un colloque en marge de la journée mondiale de lutte contre le SIDA (le 1er décembre). Cette conférence, organisée par le PAM et la Comunita di Sant’Egidio, une ONG basée à Rome qui prend en charge des personnes atteintes du VIH/SIDA en Afrique, portera principalement sur l’élargissement des solutions éprouvées pour la nutrition et la santé.

L'assistance alimentaire du PAM

Le programme DREAM (amélioration des ressources médicamenteuses contre le SIDA et la malnutrition) de la Comunita di Sant’Egidio, présent dans six pays d’Afrique avec 19 centres, illustre bien la manière dont l’assistance alimentaire du PAM vient en aide aux personnes atteintes ou affectées par cette maladie. L’agence combine des méthodes de prévention et de traitement afin d’offrir une solution unique et continue de soins sanitaires et d’assistance pour répondre à des problèmes divers.

«Depuis ses débuts en 2002, le programme DREAM a apporté de l’aide à plus de 25 000 personnes au service d’un objectif double : prévenir la transmission du SIDA et garantir la survie des mères et de leurs enfants. L’alimentation est une composante vitale de notre traitement», a expliqué Leonardo Palombi, directeur scientifique du programme DREAM.

«La nourriture est souvent citée par les personnes atteintes ou affectées par le SIDA comme leur principal besoin», a déclaré Elizabeth Mataka, l’envoyée spéciale des Nations Unies pour le SIDA en Afrique, intervenante au colloque de Rome. «Les interventions nutritionnelles dans le cadre des programmes pour le SIDA sont généralement négligées dans les débats internationaux sur la lutte contre cette pandémie, et leur financement fait gravement défaut».

Dans une étude parallèle, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) prévoit que 900 000 personnes recevant un traitement antirétroviral auront besoin d’une assistance alimentaire en 2008. Le coût moyen estimé pour fournir un soutien alimentaire quotidien est de 0,66 dollars par patient – soit moins de 2 % du coût total des programmes administrant des traitements médicaux.

L'engagement du PAM

Le PAM a été l’une des premières organisations à fournir de l’aide alimentaire aux côtés des traitements antirétroviraux dans les régions pauvres et l’Agence soutient aujourd’hui des programmes de traitements anti-rétroviraux dans 16 pays d’Afrique pour plus de 182 000 patients. Dans le cadre de la lutte contre le SIDA, le PAM intervient dans 50 pays du monde entier. L’Agence apporte son aide alimentaire dans 21 des 25 nations ayant le plus fort taux de séroprévalence du monde. Les rations peuvent varier, mais elles incluent toujours des produits de base comme le riz, les haricots, des céréales enrichies, de l’huile et du sel iodé afin de garantir les nutriments essentiels aux personnes vivant avec le SIDA. L’alimentation joue un rôle crucial en aidant les familles et les communautés à soutenir les orphelins et les enfants vulnérables. Par exemple, le PAM apporte son soutien : aux enfants des abris, aux programmes de formation professionnelle, ainsi qu’aux parents adoptifs et aux grands-parents s’occupant d’orphelins. Les rations à emporter permettent aux enfants d’aller à l’école plutôt que de travailler dans les champs ou de s’enfuir vers la ville la plus proche. La Collection : la faim dans le monde 2007 invite les décideurs à s’appuyer sur les succès passés en associant les connaissances actuelles à la volonté de mettre en œuvre des « solutions essentielles » éprouvées, pratiques et efficaces. «Pour la première fois, nous détenons le savoir nécessaire pour en finir avec la faim. Tout ce dont nous avons besoin pour l’éradiquer, c’est de volonté et d’actions concrètes», a déclaré John M. Powell, directeur adjoint du PAM, qui présentera le rapport du PAM à Rome. «Dans un contexte de souffrance chronique – en particulier pour les personnes atteintes du SIDA et de malnutrition – il faut faire plus. Nous devons mobiliser notre volonté collective économique, politique, et surtout morale».