En RDC, le PAM parachute son aide alimentaire dans la province du Katanga
Les parachutages de denrées alimentaires du PAM ont commencé mercredi à l’aide d’un avion Antonov 12 dans les environs de la ville de Dubie, dans la province du Katanga. Ce sont les premiers en RDC, où le PAM achemine généralement l’aide alimentaire dans des camions ou par des ponts aériens. Cependant, du fait des fortes pluies actuelles, il est difficile d’acheminer l’aide alimentaire en quantité suffisante vers la ville de Dubie, où les taux de malnutrition ont augmenté de manière alarmante.
Taux de malnutrition catastrophiques
Pour les trois mois à venir, le PAM prévoit d’aider un maximum de personnes déplacées, dont le nombre total est estimé à 220 000. Néanmoins, l’arrivée de l’aide dépend des conditions d’accès, de la sécurité et de la quantité de denrées disponiblesFélix Bamezon, directeur du PAM en RDC
38 tonnes de céréales ont été parachutées à Dubie, située à 500 km au nord de Lubumbashi. Au total, 80 tonnes de céréales seront parachutées à Dubie, pour être ensuite distribuées par une ONG locale à 13 000 personnes déplacées. D’après une récente étude nutritionnelle de Médecins sans Frontières, les taux de malnutrition dans trois camps accueillant les personnes déplacées sont « catastrophiques ».
« Nous attirons l’attention de la communauté internationale sur la détérioration de la situation dans le province du Katanga depuis bien longtemps déjà », a déclaré Félix Bamezon, Directeur du PAM en RDC. « Pour les trois mois à venir, le PAM prévoit d’aider un maximum de personnes déplacées, dont le nombre total est estimé à 220 000. Néanmoins, l’arrivée de l’aide dépend des conditions d’accès, de la sécurité et de la quantité de denrées disponibles ».
Difficultés logistiques
La semaine dernière, le PAM a acheminé à Dubie l’équivalent d’un mois de rations alimentaires pour les personnes déplacées. Il aura fallu près d’un mois pour transporter par la route l’ensemble des denrées : un exemple du cauchemar logistique auquel le PAM est confronté quant à l’acheminement de l’aide aux habitants qui ont en besoin dans cette région.
Depuis l’attaque d’un convoi du PAM l’an passé, les coûts de transport ont été multipliés par deux à cause de l’insécurité qui règne dans la région. L’état désastreux des routes après les pluies et les manque de véhicules retardent d’autant le transport. De plus, le PAM est en concurrence avec des compagnies minières qui peuvent, elles, payer le transport en avance et en liquide. Enfin, même lorsque des camions partant de Lubumbashi atteignent Dubie, seul un faible nombre d’entre eux reviennent en assez bon état après l’aller-retour pour pouvoir poursuivre d’autres livraisons.
Nouveau système d'emballage
Un système de triple emballage, qui remplace le parachutage de lots de denrées sur des palettes depuis un avion, a permis au PAM de rendre le parachutage moins onéreux que les ponts aériens, et à peine deux fois plus cher que le transport routier. En 2005, le PAM a parachuté 150 000 tonnes de produits alimentaires de cette manière au sud du Soudan et au Darfour, une région située à l’ouest de ce pays.
Ces prochaines semaines, 200 tonnes de denrées alimentaires, dont des céréales et de légumineuses seront parachutées. Après Dubie, les opérations de parachutage se dérouleront à Mitwaba où l’aide alimentaire sera immédiatement distribuée et à Sampwe, dans la province du Katanga.
Les taux de malnutrition et de mortalité ont dépassé le seuil d’urgence du Katanga où de récentes offensives contre les milices ont conduit des millions d’habitants à quitter leur domicile. Pourtant, même dans les camps, ces habitants vivent dans la peur d’une attaque et la plupart ne peuvent plus s’occuper de leurs terres.
Parachutage des denrées alimentaires
« Les habitants sont pris au piège dans ces camps, et il nous est difficile d’y avoir accès à cause des combats et de l’état désastreux des routes », explique M. Bamezon. « Ces parachutages nous permettent d’acheminer directement l’aide alimentaire pour les distributions, plutôt que de les transporter par la route et donc de prendre le risque de délais importants».
Il est particulièrement difficile de récolter suffisamment de fonds pour nos opérations en RDC, qui est l’une des zones les plus compliquées pour les agences humanitaires du fait de sa taille, de l’insécurité permanente à l’est du pays, ainsi que d’un manque criant d’infrastructures de basesFélix Bamezon, directeur du PAM en RDC
Manque de fonds
En plus des obstacles importants en matière de sécurité et de logistique, les opérations du PAM en RDC font aussi face à un manque de fonds. Alors que son Opération Prolongée de Secours et de Redressement arrive à son terme (il reste 3 mois, pour une période totale de deux ans et demi), le PAM est confronté à un manque de fonds de 69 millions de dollars, c’est-à-dire 36% des 191 millions de dollars de budget nécessaires pour aider les 1,6 millions de personnes déplacées ou vulnérables.
En mars dernier, James Morris, Directeur Exécutif du PAM, avait mené en RDC et dans d’autres pays de la région des Grands Lacs une mission avec ses homologues de l’UNICEF et du HCR. Les dirigeants des trois plus grandes agences des Nations Unies avaient exhorté la communauté internationale à faire suite aux progrès politiques effectués en s’engageant à nouveau à mettre fin aux souffrances de millions d’habitants.
Difficultés à sensibiliser la communauté internationale
« Il est particulièrement difficile de récolter suffisamment de fonds pour nos opérations en RDC, qui est l’une des zones les plus compliquées pour les agences humanitaires du fait de sa taille, de l’insécurité permanente à l’est du pays, ainsi que d’un manque criant d’infrastructures de bases », a déclaré M. Bamezon.
Entre 2000 et 2005, le PAM a distribué une aide alimentaire à environ 270 000 personnes par an dans la province du Katanga et, de janvier à mars 2006, une aide a été distribuée à 39 000 personnes déplacées. En février, les hélicoptères de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) ont transporté un total de 30 tonnes de denrées alimentaires du PAM pour les habitants de la ville de Mitwaba, située à 600 km de Lubumbashi.
Quatre millions de victimes
La RDC est victime de l’un des conflits les plus meurtriers depuis la 2ème Guerre Mondiale : entre 1998 et 2004, quatre millions de personnes ont perdu la vie et 1 250 meurent encore chaque jour de causes qui pourraient facilement être prévenues.