Djibouti: le PAM pourrait interrompre ses distributions à 53 000 personnes par manque de contributions financiaires
« La malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans est une urgence silencieuse à Djibouti – mais nous n’avons actuellement pas les fonds nécessaires pour poursuivre nos distributions pour les plus vulnérables », a souligné Benoît Thiry, directeur du PAM à Djibouti.
Besoin financier
Le PAM a besoin de 6 millions de dollars US pour maintenir ses opérations jusqu'en décembre 2007, et 1 million de dollars immédiatement pour éviter une interruption des distributions en mai, juste avant la saison sèche, période au cours de laquelle de nombreuses familles doivent faire face à des pénuries alimentaires. Parmi ces gens, on compte de nombreux réfugiés somaliens et des familles d’éleveurs nomades.
Sans nouvelles contributions, le PAM devra suspendre dès le mois d’avril ses distributions pour plus de 47 000 éleveurs La rapidité des contributions aura un impact majeur sur la reprise accélérée des distributions Benoît Thiry, directeur du PAM à Djibouti
victimes de la sécheresse, et à partir de mai pour 6 000 réfugiés qui dépendent entièrement de l’aide alimentaire. Un tel arrêt aurait des conséquences dramatiques sur les taux de malnutrition dans les camps.
Plusieurs vagues de sécheresses ont frappé Djibouti au cours de ces cinq dernières années, la plus sévère a eu lieu début 2006, entraînant la perte d’un grand nombre d’animaux pour les familles d’éleveurs.
« Il est crucial d’obtenir des contributions financières le plus vite possible », a expliqué Benoît Thiry. « La rapidité des contributions aura un impact majeur sur la reprise accélérée des distributions », a-t-il ajouté.
Taux de malnutrition
Les taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans sont déjà alarmants à Djibouti. Les résultats préliminaires d’une étude récente montrent que le taux de malnutrition sévère est dorénavant à 20,4% -- bien au-delà du seuil d’urgence de 15% -- alors qu’il était de 17,9% en 2002. La malnutrition aigüe sévère est aujourd’hui de 7,1% contre 5,9% en 2002.
« Ces résultats doivent encore être validés, mais ils indiquent déjà l’impact qu’a eu la sécheresse sur la sécurité alimentaire des ménages durant la période de soudure », a souligné Benoît Thiry.
Situation critique
Un rapport publié récemment par le réseau des alertes précoces contre la famine (FEWSNET) indique que des milliers de personnes risquent de manquer de nourriture dans les mois qui viennent, précisant que le bétail dans des zones situées à l’intérieur des terres commençait déjà à souffrir. Les successions de sécheresses ont fragilisé davantage les stratégies de survie traditionnelle des éleveurs nomades. Sans assistance, la population rurale nomade n’aura pas assez de nourriture pour maintenir un bon niveau nutritionnel.
Djibouti est classé parmi les pays les moins avancés, mais aussi à bas revenu avec un déficit alimentaire. 60% de la population est sans emploi. En 2006, le PAM a distribué de la nourriture à 70 000 personnes, dont 10 000 élèves, 2 000 orphelins du VIH/SIDA, aux personnes suivant des traitements contre cette maladie ainsi qu’aux patients atteints de la tuberculose. Les centres nutritionnels appuyés par le PAM, viennent également en aide aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux enfants de moins de cinq ans.