Dj BoBo en Ethiopie
6 mars
Une nouvelle journée commence et je me réjouis déjà de voyager enfin dans la province du Tigray, une des régions les plus affectées par la faim en Ethiopie. On est déjà devenu un bon team ; Paulette et Melese du Programme Alimentaire Mondial d’Addis Abeba, Simon du PAM à Genève, Flore et Claude de la Télévision Suisse Romande, Thilo qui écrit pour l’hebdomadaire allemand DER SPIEGEL et bien sur Oliver, mon ami et manager. Heureusement, l’avion ne décolle qu’ à midi, ce qui me donne le temps de répondre aux questions de mes collaborateurs en Suisse. Pour eux, le temps ne s’est pas arrêté. Je suis le seul qui ai pris congé une semaine, loin de ma carrière, pour découvrir un pays et le problème de la faim. Ce n’est pas la même chose de voir les images de la faim à la télévision et de les voir avec ses propres yeux.
11 heures
Des milliers de personnes et véhicules fourmillent sur la route étroite qui nous mène vers l’aéroport. L’air est rempli de sable et de la pollution des voitures, ce qui rend la respiration difficile. Le vol à Mekele, environ 800 kilomètres dans le nord-est de l’Ethiopie, dure environ une heure. Depuis l’avion, j’aperçois le paysage désertique en dessous de moi ; c’est difficile de voir de la végétation, que du sable et la terre aride. 85% des éthiopiens vivent d’une agriculture de subsistance ou du pastoralisme. Les pluies sont rares et si une fois la saison de pluie échoue, la catastrophe est certaine. Ce n’est donc pas étonnant que 47% des enfants éthiopiens en dessous de l’age de 5 soient beaucoup plus petits que des enfants européens du même âge. La malnutrition ralentit leur croissance.
14 heures
A Mekele nous sommes reçus par Joséphine, la cheffe du bureau du PAM. Elle nous informe sur la réalité de la région de Tigray qui a connue ces 20 dernières années quelques unes des pires famines. Nous nous souvenons tous de la famine de 1984, qui a coûté la vie à plus d’un million de personnes. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Le PAM, en collaboration avec le gouvernement et d’autres partenaires ont pu apporter des améliorations significatives et durables pour les populations de la région. Je me réjouis de le découvrir.
16 heures
Il ne reste pas de temps pour une pause. Après un passage dans les deux grands entrepôts du PAM, où 20'000 tonnes de nourritures sont stockées pour la population de la région, nous rendons visite à un autre projet pour des victimes du SIDA. Dans cet endroit, le PAM travaille avec un ONG éthiopienne (OSSE), dont les collaborateurs sont tous des volontaires. Je fais connaissance avec Seged. Il y a deux mois, cet homme à l’age de 32 ans et qui souffre du SIDA était proche de la mort. Il a été ramené de la rue dans le centre. Il pleure au moment où je lui parle. Il est toujours faible, mais la nourriture du PAM et les médicaments anti-rétroviraux lui rendront bientôt la force pour reprendre sa vie en main. Egalement la petite Seare, qui a tout juste un an, reste dans mon mémoire. Grâce aux médicaments contre le SIDA et une bonne alimentation de sa mère, le virus n’a pas été transmis de la mère à l’enfant. Seare a eu de la chance. C’est pour ça peut-être que son nom signifie « victoire ». « Donner de l’espoir vaut plus que de l’argent », explique Yirga, le directeur du projet, qui a échangé sa carrière d’avocat pour aider les victimes du SIDA. « On meurt à l’intérieur si on voit la souffrance humaine sans agir » il me dit à la fin.