Appel urgent à une action dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest
ROME - Les dirigeants des agences des Nations Unies, les représentants des gouvernements des pays touchés et les principaux donateurs ont appelé aujourd'hui à une augmentation de l’assistance humanitaire, de l’aide au développement et à la réhabilitation pour faire face au niveau élevé du risque de famine et de malnutrition causé par l'effet combiné de la sécheresse, des prix élevés des denrées alimentaires, des déplacements et des conflits affectant la région du Sahel, en Afrique de l’Ouest. Après une réunion d'urgence au siège du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) à Rome, les participants ont convenu que le moment est venu d’agir pour une action humanitaire dans le Sahel.
Les dirigeants présents à la réunion ont appelé à une réponse globale, rapide et forte face à la crise pour venir en aide aux plus vulnérables - en particulier les femmes et les enfants - parmi les millions de personnes touchées par la sécheresse. Ils ont appelé à des opérations de secours combinées à des actions de développement à plus long terme.
En outre, ils ont décidé de travailler ensemble pour assurer au plus vite la sécurité alimentaire et subvenir aux besoins nutritionnels des personnes touchées, tout en soutenant des programmes qui s'attaquent aux causes profondes du fléau et permettent de renforcer la résilience des communautés vivant dans des zones touchées par la sécheresse chronique. Cela comprend par exemple le soutien et l’autonomisation des petits agriculteurs et l’amélioration de leurs capacités de résistance face aux difficiles conditions économiques et aléas climatiques.
Tous sont tombés d’accord sur les étapes à suivre pour ouvrir la voie à une transition réussie vers le redressement rapide et pour établir les bases d'un développement durable.
Les participants ont convenu du plan d'action suivant:
- L’ appui à la réponse donnée pour assurer la sécurité alimentaire de court terme et faire face à la crise nutritionnelle. Cette réponse est développée par et entre les gouvernements nationaux dans la région et les organisations régionales qui peuvent accroître l'accès à la nourriture, avec un impact positif sur l'état nutritionnel des populations les plus vulnérables. Le Renforcement des programmes de filet de sécurité existants dans le cadre de systèmes de protection sociale, en tirant parti des réserves alimentaires nationales, tout en préservant les systèmes productifs et sources de revenus des plus vulnérables pour stimuler l’offre alimentaire locale.
- L’acheminement d’une assistance alimentaire d'urgence ciblée, y compris – le cas échéant – sous la forme de programmes d’Argent contre Travail, de transferts monétaires et de bons d’achat alimentaire. Ces mesures sont ainsi vouées à renforcer les marchés locaux et à lier production et consommation locales. Cette aide inclurait le déploiement de programmes alimentaires d'urgence ciblés et la fourniture de produits nutritionnels enrichis pour les jeunes enfants ou les femmes enceintes, ainsi que celle d’ aliments thérapeutiques pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère.
- Le déploiement de systèmes d’information d'alerte et de réponse anticipée qui consolident l’anlayse des besoins et fournissent des mises à jour régulières sur l'évolution de la situation humanitaire.
- L'utilisation de ces informations pour orienter le ciblage des interventions, pour aider à suivre les progrès accomplis afin de faciliter le développement et la mise en œuvre de plans d’ensemble et intégrés au niveau des pays afin de réduire le risque de telles crises récurrentes.
- La mise en œuvre d’une réponse rapide et efficace aux déplacements internes et externes des populations au Mali en raison des conflits entre les insurgés et les forces armées maliennes, ce qui exacerbe la situation existante qui est déjà grave, particulièrement au Mauritanie, Niger et Burkina Faso.
- Le développement et la mise en œuvre de plans qui fournissent à la fois une assistance immédiate pour éviter une crise humanitaire pendant la prochaine période de soudure et permettent également la réhabilitation des communautés les plus sévèrement touchées par la sécheresse et les pénuries alimentaires.
- Le soutien continu aux gouvernements de la région du Sahel et aux organisations régionales afin de renforcer leur capacité à s’adresser aux causes structurelles des crises alimentaires récurrentes de la région, et à développer des approches ciblées pour surmonter les obstacles à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, notamment objectif n°1: réduire de moitié la proportion de la population qui souffre de la faim et de la pauvreté d’ici à 2015.
- Le développement des stratégies et des approches qui prennent en compte l’insécurité existante et incorporent des mesures axées sur la réduction des risques et de l’insécurité communautaire, et de la prévention des conflits.
- Le renforcement de la résilience des foyers et des communautés locales ainsi que celle des états aux niveaux national et régional en soutenant le développement agricole durable, en encourageant l’investissement dans les petites exploitations agricoles et les systèmes de bétail ainsi que la création et la mise en place par la CEDEAO, d’un système pilote de réserves alimentaires d’urgence dont la mise en place s’effectuera en complément du renforcement des outils nationaux de prévention et de réponse aux crises alimentaires.
- Augmenter la coordination entre les agences des Nations Unies, les gouvernements nationaux, les institutions régionales, les organisations non-gouvernementales, la société civile, les bailleurs de fonds et d’autres partenaires du développement afin de soutenir une réponse intégrée et efficace aux besoins humanitaires et aux besoins du développement des populations à moyen et à long terme, ce qui constituerait une réponse durable à la crise.
- Une action immédiate par la communauté internationale pour mobiliser les ressources nécessaires pour soutenir la réponse humanitaire, et les réponses de réhabilitation et de développement mises en œuvre pour venir en aide à plus de 10 millions de personnes dans la bande sahélienne.
- La création de partenariats pour intégrer les approches humanitaires et de développement à plus long terme dans le cadre d’une stratégie compréhensive destinée à renforcer la résilience des pays du Sahel.
- L’intégration des stratégies de réduction des risques dans les cadres du développement national avec un accent particulier porté sur la sécurité alimentaire et le soutien aux programmes de protection sociale destinés à aider les populations les plus vulnérables.
Parmi les participants présents à la réunion: les chefs du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Département de l’Aide humanitaire et de la Protection Civile de la Commission européenne ainsi que des représentants de l’UNICEF, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) , l’Union Africaine (AU), la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Conseil International des Agences de Volontaires (ICVA) et des gouvernements donateurs et les membres du Conseil d’Administration du PAM.