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3,5 millions de Kenyans frappés par la sécheresse ont besoin d'aide alimentaire

NAIROBI - Le Gouvernement du Kenya et le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies (PAM) ont annoncé aujourd'hui que 3,5 millions de Kenyans étaient touchés par la pénurie alimentaire en raison de faibles précipitations, ce qui multiplie presque par trois le nombre de Kenyans qui ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence.

Données alarmantes

Une évaluation très complète de la sécurité alimentaire pendant la saison de courtes pluies a été réalisée au mois de janvier, sous les auspices du Comité de Pilotage de la Sécurité Alimentaire du Kenya qui réunit le gouvernement kenyan, le PAM, la FAO et d'autres agences de l'ONU et des ONG. Selon cette enquête 395 000 tonnes d'aide alimentaire seront nécessaires.


"Notre évaluation détaillée a permis de repérer que les régions les plus touchées sont les zones pastorales couvrant les districts du nord de la Rift Valley et les provinces de l'est, toute la Province du Nord-Est et des parties de la Côte. Les revenus et l'alimentation dans ces zones dépendent de la production de bétail.
Les taux de malnutrition parmi les enfants sont extrêmement préoccupants et ces zones ont déjà connu une quantité importante de mort de bétail", a dit John Munyes, Ministre d'Etat du Kenya, Bureau du Président, Programmes Spéciaux.


L'évaluation réalisée en janvier a montré que la pénurie de courtes pluies sur de vastes zones à l'est et au nord du Kenya avait des conséquences tragiques pour la vie des communautés pastorales et agricoles de 25 districts.

Nouvelles promesses de dons

Sans promesses de nouveaux dons, le PAM ne sera plus en mesure de répondre aux besoins dès le mois de marsTesema Negash

"De nombreux Kenyans, affectés par une cinquième saison consécutive sans ou de faibles pluies, vivent déjà dans des conditions précaires et nous craignons le pire si les donateurs ne répondent pas immédiatement à notre appel. Les pluies font défaut et pour sauver des vies dans les semaines et mois à venir, il est essentiel de fournir aujourd'hui de l'argent et des apports de vivres en nature pour contribuer à la réponse d'urgence du PAM et du gouvernement. Sans promesses de nouveaux dons, le PAM ne sera plus en mesure de répondre aux besoins dès le mois de mars", a affirmé le Directeur du PAM au Kenya, Tesema Negash.

Absence de précipitations

Avec la mort de milliers de têtes de bétail, situation dramatique qui devrait encore empirer avec l'amplification de la sécheresse, un nombre croissant de pastoralistes ne sont plus capables de subvenir à leurs besoins.
Selon le Rapport d'évaluation sur la sécurité alimentaire pendant la saison de courtes pluies, les taux de malnutrition globale aiguë parmi les enfants de moins de cinq ans ont enregistré une hausse vertigineuse dans le nord-est du pays pour atteindre 18 à 30 %. Ces chiffres sont particulièrement inquiétants, car le taux de 15 % est déjà considéré comme un seuil d'urgence.

Les agriculteurs de l'est du Kenya qui comptent sur la saison de courtes pluies pour leur principale récolte ont eux aussi désespérément besoin d'aide. Suite aux faibles précipitations, leurs récoltes n'ont pas été bonnes. Après plusieurs saisons successives de sécheresse, leurs stocks de nourriture s'amenuisent.

Lancée en juillet 2004, l'opération d’urgence du PAM était initialement prévue pour une durée de six mois, pour venir en aide à près de 2,3 millions de personnes, laissées dans le besoin suite au manque de pluies à l'est, au sud et dans certaines parties du nord du Kenya.

A causé des précipitations insuffisantes entre octobre et décembre 2004 ainsi que mars et juin 2005, l'opération a été prolongée à deux reprises afin de s’adapter à l'évolution de la situation. Elle a d'abord atteint deux millions de personnes entre mars et août 2005, puis 1,2 millions de personnes entre août 2005 et février 2006.

En décembre 2005, le PAM a émis un appel d’urgence aux donateurs après avoir constaté que le manque de pluies était avéré et qu'une aggravation de la crise était imminente.

Appel d’urgence aux donateurs

La semaine dernière, le gouvernement du Kenya a promis 60 000 tonnes de maïs pour l'opération, d'une valeur de 15 millions de dollars et nous espérons que la communauté internationale en fera de même et répondra à cet appel d’urgence.John Munyes

"En travaillant par l'intermédiaire des mécanismes de ciblage et de distribution déjà existants, nous nous assurons que l'aide alimentaire atteint ceux qui en ont besoin au bon moment et dans les bonnes quantités", a dit Munyes.



"La semaine dernière, le gouvernement du Kenya a promis 60 000 tonnes de maïs pour l'opération, d'une valeur de 15 millions de dollars et nous espérons que la communauté internationale en fera de même et répondra à cet appel d’urgence."

Etendre le programme de cantines scolaires

En plus des distributions générales de nourriture aux trois millions de Kenyans identifiés dans les 25 districts qui ont actuellement besoin d'assistance, le PAM va étendre son programme de cantines scolaires pour atteindre un total de 500 000 élèves d'écoles primaires touchés par la sécheresse.



Ce programme vient compléter le programme d'alimentation scolaire mené conjointement avec le gouvernement kenyan et dont bénéficient de manière régulière 1,1 millions d'enfants.

Soutien aux femmes enceintes

Parmi les trois millions de bénéficiaires ciblés, le PAM va fournir un soutien complémentaire à quelques 381 000 femmes enceintes et allaitantes et enfants de moins de cinq ans au travers d'un programme d'alimentation enrichie, en étroite collaboration avec l'UNICEF et d'autres agences spécialisées.

Détérioration de la situation

Le PAM va avoir un besoin urgent de dons, en particulier en liquide, pour couvrir les coûts associés à l'acheminement de l'aide alimentaire par le gouvernement kenyan ou pour permettre les achats d'aide alimentaire dans l'ouest du Kenya, région qui n'est pas concernée par la sécheresse. Sans promesses de nouveaux dons, le PAM ne sera pas en mesure de répondre aux besoins d’aide alimentaire dès le mois prochain.

Etant donné les prévisions d'une nouvelle saison pauvre en pluies entre mars et juin, nous craignons que la situation ne fasse que se détériorer et que les souffrances perdurentTesema Negash

"Depuis 1999, l'année 2003 a été la seule année où le pays n'a pas eu à faire face à une crise humanitaire causée par la sécheresse. Etant donné les prévisions d'une nouvelle saison pauvre en pluies entre mars et juin, nous craignons que la situation ne fasse que se détériorer et que les souffrances perdurent", a dit T. Negash.

"Les familles n'ont plus de stratégies de survie et de nombreux Kenyans, qu'ils dépendent du bétail ou d'une agriculture marginale, ont complètement perdu leurs moyens de subsistance."

Les donateurs

Depuis l'appel du PAM aux donateurs en septembre, qui a été réitéré en décembre, les pays suivants ont confirmé leurs contributions : Kenya (17 millions de dollars), Etats-Unis (15 millions de dollars), Canada (1,3 millions de dollars), Suède (1,3 millions de dollars), Ministère du Développement International du Royaume-Uni (1,3 millions de dollars) et Luxembourg (295 858 dollars).