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Comment le volcan Nyiragongo a déplacé des milliers de personnes en RDC

Les agences humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial, se sont empressées pour venir en aide aux personnes fuyant Goma.
, par George Steijger
A women wears a disposable blue mask pulled down under her mouth and looks directly into the camera.
Baraka Bahene a été forcée de fuir son domicile de Goma avec ses petits-enfants, à pied, après l'éruption du mont Nyiragongo. Photo: PAM/George Steijger

Le volcan Nyiragongo domine Goma, l'une des villes les plus peuplées de la République Démocratique du Congo (RDC). Depuis près de deux décennies, un lac de lave permanent bouillonne silencieusement dans le cratère de ce volcan des plus tumultueux, haut de 3 470 mètres et situé à seulement 12 kilomètres d'une ville aux marchés animés, où les moto-taxis se faufilent sur des routes à la circulation dense.

Samedi 22 mai, en début de soirée, les 1,2 million d'habitants de Goma ont commencé à remarquer quelque chose de particulier : le ciel au-dessus d'eux prenait lentement une violente teinte cramoisie.

"J'étais sortie au marché pour vendre mon pain. Les gens autour de moi commençaient déjà à courir, mais j'avais laissé mes enfants à la maison et je devais retourner les chercher", raconte Bienvenue Mwawini, une mère de quatre enfants.

Elle a couru jusqu'à la maison, a hissé le plus jeune enfant sur son dos, a attrapé les autres et s'est lancée, avec des milliers d'autres personnes, dans la longue marche vers Sake, une ville située hors de la zone du danger.

L'éruption a pris tout le monde par surprise. En quelques heures, une fracture est apparue sur le flanc du volcan, d'où s'est écoulée de la lave en fusion. Une deuxième fracture a suivi. En bas, conscients que la précédente éruption en 2002 avait englouti une grande partie de la ville, les gens ne prenaient aucun risque ; ils ont pris ce qu'ils pouvaient porter et ont quitté Goma par milliers.

A woman transports a bag of food provisions from USAID by carrying it on her head.
Comme beaucoup de déplacés, Bienvenue s'inquiète de ce que l'avenir lui réserve, ainsi qu'à ses enfants. Photo: PAM/George Steijger

Certains ont réussi à traverser la frontière rwandaise toute proche à l'est, tandis que d'autres ont eu la chance d'obtenir de rares places à bord de bateaux à destination de Bukavu, une ville située à l'extrémité sud du Lac Kivu. Mais beaucoup d'autres ont dû marcher vers l'ouest, le long de la route en terre menant à la ville de Sake, située à plus de 27 kilomètres.

La route est rapidement devenue encombrée de voitures, de motos, de personnes poussant leurs affaires sur des scooters en bois et de piétons. Les cendres et les fumées des moteurs stationnaires s'accumulent sous l'effet du volcan, avant d'être éteintes par l'arrivée d'une pluie torrentielle qui fait grincer les os. Alors qu'ils marchaient, il était impossible de ne pas penser à l'horreur de la situation. Derrière eux, ils ont laissé leurs maisons et leurs moyens de subsistance, devant eux s'étendait la route sans fin.

Women line up near stacked bags of food provisions.
Le PAM et ses partenaires ont commencé les distributions à Sake le 30 mai. Photo: PAM/George Steijger

Lorsqu'elles sont finalement arrivées au lieu de “refuge de Sake”, les familles ont été confrontées à de conditions difficiles : dans toute la ville, des bâtiments scolaires, des églises et des toilettes extérieures délabrées avaient été transformés en abris de fortune, où s'entassaient femmes et enfants. Il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire que de rester assis, en attendant soit la nouvelle d'une seconde éruption, soit l'appel à rentrer chez soi.

Après la marche sous la pluie, on entendait les cris des enfants affamés. Il n'y avait pas assez de nourriture dans la petite ville de Sake pour nourrir l'afflux soudain de nouveaux arrivants.

A man handles a bag of food provisions from USAID.
L'opération d'intervention d'urgence du PAM a apporté une aide alimentaire à 146 000 personnes. Photo: PAM/ George Steijger

Les agences humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial, sont entrées en action, distribuant de la nourriture et des fournitures à travers Sake.  

Les personnes déplacées qui faisaient la queue pour obtenir de l'aide ont évoqué la terreur de cette nuit-là.

Baraka Bahene, une grand-mère vivant avec un handicap, n'a eu d'autre choix que de fuir sur ses béquilles, ses petits-enfants à la traîne, jusqu'à Sake. Baraka parle du voyage tortueux qu'elle a enduré pour atteindre Sake.

"Voyager de Goma à Sake n'était pas facile, surtout pour une personne avec un chandicap comme moi", dit-elle. "Nous nous sommes demandés si nous arriverions un jour à destination".

À leur arrivée, ils ont constaté que Sake, bien qu'à l'abri de la lave et des tremblements de terre, n'avait pas grand-chose d'autre à offrir. Baraka a pu dormir à l'intérieur d'une école en raison de son handicap, mais les adultes valides comme Bienvenue ont passé de nombreuses nuits dehors dans la cour de l'école.

"Il n'y a pas assez de place, alors parfois nous dormons dehors sous la pluie pour faire de la place aux plus vulnérables d'entre nous".

"Ces quelques jours ont été difficiles. Ma maison à Goma me manque."

L'histoire de Bienvenue est une histoire bien trop commune à Sake. L'éruption a forcé plus de 400 000 personnes à fuir Goma, et si beaucoup d'entre elles sont maintenant rentrées chez elles, des milliers d’autres restent encore en déplacement.

 

Smoke exits the volcano of Mount Nyiragongo beyond the sea.
Le mont Nyiragongo surplombe la ville de Goma et le lac Kivu. Photo: PAM/Ben Aguandia
A close-up of smoke leaving the opening of the volcano Mount Nyiragongo.
Le cratère volcanique du Nyiragongo, d'un diamètre de 1,2 km, contient le lac de lave le plus grand et le plus actif au monde. Photo: PAM/Ben Aguandia

Pour des millions de Congolais qui, comme elle, ont des petites activités, la vie se vit au jour le jour : s'ils ne peuvent pas travailler, ils ne peuvent pas se permettre de mettre de la nourriture sur la table pour leur famille. Le véritable pouvoir destructeur du volcan est peut-être qu'il a forcé les gens à quitter leurs champs et fermé les marchés.

En RDC, 27,3 millions de personnes ne savent pas d'où viendra leur prochain repas, ce qui en fait la plus grande crise de sécurité alimentaire au monde. La faim rôde à chaque coin de rue, n'attendant qu'un choc pour plonger des millions de personnes dans une insécurité alimentaire extrême. L'éruption du Volca Nyiragongo montre à quel point cela peut être immédiat et terrible.

Le 9 juin, le PAM avait fourni une assistance alimentaire d'urgence à plus de 146 000 personnes déplacées qui avaient fui Goma et les autorités avaient déclaré un plan de retour progressif de la population déplacée.

L'organisation a besoin de 15 millions de dollars pour une assistance de trois mois.

Si l'activité sismique a diminué, la fumée s'échappe toujours des profondeurs du volcan qui surveille sinistrement la ville, où la vie quotidienne reprend progressivement. Le danger immédiat est passé, mais des milliers de personnes sont maintenant confrontées à la perspective de reconstruire leurs maisons et leurs moyens de subsistance.

A Sake, malgré l'incertitude, Bienvenue sourit.

La réponse rapide du PAM a été rendue possible grâce aux contributions du Bureau de l'aide humanitaire de l'USAID, du Japon, de l'Allemagne et de la République de Corée, entre autres.

 

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