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Frontière Tchad/Soudan : la violence menace des milliers de personnes

GENEVE/N'DJAMENA - Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a prévenu aujourd’hui qu’une escalade de la violence le long de la frontière entre le Tchad et la région du Darfour, au sud du Soudan, qui a forcé des milliers de personnes à fuir, risquait sérieusement d’entraver les actions d’aide humanitaire.

Une insécurité grandissante

Le PAM vient actuellement en aide à 207 400 réfugiés soudanais hébergés dans 12 camps à l’intérieur du Tchad, pour la plupart d’entre eux depuis 2004. Mais au cours des derniers mois, de nouveaux réfugiés soudanais sont arrivés dans la région.

Un cocktail explosif de forces militaires de part et d’autre de la frontière et d’incursions de groupes armés, a provoqué de nouveaux mouvements de populations d’une ampleur alarmante, suscitant de grandes inquiétudes.
« Il est clair que la sécurité le long de la frontière s’est détériorée au cours des dernières semaines, a déclaré Stefano Porretti, responsable du PAM au Tchad. Le PAM agit en coordination avec ses partenaires, notamment le Comité International de la Croix Rouge, pour suivre de près l’évolution de la situation. Mais plus l’insécurité persistera dans la région, plus la situation s’aggravera ».

Une récolte suffisante

Selon une première évaluation réalisée par le PAM dans les zones les plus touchées de la région frontalière à l’est du Tchad, la majorité de la population aurait suffisamment de réserve alimentaire pour le moment, grâce à la dernière récolte qui a été la meilleure que la région ait connue depuis des années. L’insécurité représente le danger le plus important pour les populations civiles.

Craintes quant à la période de soudure

Cependant, la période annuelle de soudure approchant, le PAM craint que ces mêmes populations aient besoin de secours alimentaire durant cette période, une fois leur réserve épuisée. Le PAM estime que plusieurs milliers de personnes auront besoin d’aide, même s’il est difficile d’évaluer à l’heure actuelle précisément les besoins en raison de l’insécurité. La situation est extrêmement délicate au Tchad – nous sommes au bord du gouffre.

« La plupart des personnes touchées par les récentes violences ont suffisamment de nourriture pour tenir encore un mois ou deux, mais la suite sera beaucoup plus incertaine. Sur le plan financier, notre opération dans l’est du Tchad est déjà très fragile – de nouveaux besoins substantiels appellent à de nouvelles contributions de la part de nos donateurs » a déclaré M. Porretti.
La période de soudure annuelle a lieu en milieu d’année et coïncide avec la saison des pluies, ce qui va rendre la plupart des routes de l’est du Soudan impraticables. Afin d’éviter que la distribution de nourriture dans les camps ne soit perturbée pendant de longues périodes, le PAM fait tout son possible pour acheminer un maximum de nourriture avant l’arrivée des pluies. Le succès de cette opération dépend de la capacité des donateurs à matérialiser rapidement leurs contributions, afin de permettre à la nourriture d’arriver au Tchad suffisamment tôt pour pouvoir être transportée vers les camps.

Une nouvelle vague de réfugiés

Par ailleurs, le PAM a également prévenu que ses stocks de nourriture au Tchad risquaient de ne pas suffire pour répondre aux besoins d’une nouvelle vague de réfugiés fuyant cette fois les violences en République centrafricaine. Plusieurs milliers de personnes ont franchi la frontière au cours des derniers mois et sont maintenant hébergés dans trois camps au sud du Tchad.
Selon le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre total de personnes provenant de la République centrafricaine réfugiées au Tchad, avoisine les 46 000 et ne cesse d’augmenter. Une rupture grave des provisions alimentaires est donc à prévoir au mois de juin.

Besoin urgent de fonds

Il est vital d’obtenir la confirmation du soutien financier nécessaire à la poursuite de nos opérations et la garantie d’une meilleure sécurité dans la région, pour éviter que la crise humanitaire ne s’amplifie...

Le service humanitaire aérien du PAM risque également d’être prochainement interrompu si les fonds n’arrivent pas. Or les liaisons aériennes sont essentielles pour acheminer les secours et les équipes des Nations Unies ainsi que des organisations non gouvernementales dans l’est du Tchad, région accessible seulement par voie aérienne pendant la saison des pluies.

« La situation est extrêmement délicate au Tchad – nous sommes au bord du gouffre. Il est vital d’obtenir la confirmation du soutien financier nécessaire à la poursuite de nos opérations et la garantie d’une meilleure sécurité dans la région, pour éviter que la crise humanitaire ne s’amplifie, ce qui n’est qu’une question de semaines », a déclaré M. Porretti.